En finançant encore et toujours plus les énergies fossiles, les banques françaises aggravent la crise climatique. Selon une enquête publiée par Carbone4Finance (société indépendante de mesures financières) en 2021, la BNP, le Crédit Agricole et la Société Générale représentaient à elles seules trois milliards de tonnes de CO2 par an. Et ce, grâce à l’argent des épargnants.
Et pour cause, le patrimoine des Français est estimé à quelque 5000 milliards d’euros. Seulement, 5 à 10% des projets soutenus par les banques contribuent à la transition écologique et au respect de la biodiversité. « C’est en faisant ce constat que j’ai décidé de créer Goodvest… J’ai accumulé de l’épargne pendant le confinement. Et je ne trouvais aucun placement correspondant à mes valeurs, mis à part le crowdfunding », explique Joseph Choueifaty, le fondateur.
Épargne et impact positif : la méthode Goodvest
L’épargne des Français pèse en moyenne 11 tonnes de CO2. Par an. Soit à peu près l’équivalent de ce que représentent la consommation et la mobilité. Mais ce n’est pas irréversible. Lancée en 2021, la start-up Green Tech Goodvest a développé une solution d’assurance-vie à la carte. Les clients peuvent ainsi choisir d’investir sur des projets à impact tout en obtenant un rendement satisfaisant.
Dès l’ouverture du compte, en ligne ou avec un conseiller, et une fois le profil d’investisseur évalué, Goodvest propose sept thématiques. « La thématique par défaut est celle de la transition écologique. Le client peut en ajouter d’autres comme l’accès à l’eau, la biodiversité ou la santé », ajoute le fondateur.
Dans ces catégories, Goodvest placera l’épargne sur des actions et des obligations selon le profil de risques. « C’est un investissement piloté. Nous avons une vraie plus-value dans le conseil, car le secteur de l’investissement est très opaque et c’est parfois difficile de trouver les bons fonds à impact, ceux qui épargnent vraiment notre planète. » Les rendements annualisés vont de 3,72% à plus de 10% selon les formules.
S’assurer que ce n’est pas du Greenwashing
Le succès de Goodvest tient à sa méthode transparente pour la gestion de l’épargne. Elle se base sur deux piliers. « Un premier pilier scientifique. On utilise une classification en entonnoir. On part de l’ensemble de l’ensemble des fonds et on applique des filtres un à une », ajoute-t-il. Goodvest exclut ainsi toutes les énergies fossiles et secteurs politiques (vente d’arme, industrie du tabac…), et évalue l’empreinte carbone de tous les projets sur toute la chaîne de valeur, mais aussi les politiques de vote des sociétés de gestion pour la rémunération des actionnaires.
« Le second pilier est la transparence. Nos clients peuvent voir en temps réel l’empreinte carbone de leur portefeuille, les émissions de CO2 économisées, la trajectoire de réchauffement climatique qui y correspond. » Et cela fonctionne puisque, « les portefeuilles [de leurs clients, NDLR] ont permis d’économiser, depuis le lancement, 8 000 tonnes de CO2 ».
Des perspectives d’amélioration pour Goodvest
Si l’épargne des Français équivaut à 5000 milliards d’euros, l’assurance-vie correspond à 2000 milliards. Sur cette somme, Goodvest est présente sur 20 millions d’euros. « C’est encore peu, mais nous séduisons de plus en plus de gros acteurs qui nous démarchent. Les banques aussi, même les plus polluantes, commencent à se poser la question. »
Mais existe-t-il suffisamment de fonds sur lesquels investir ? « Il y en a suffisamment, mais ils sont compliqués à trouver. D’autant plus qu’on n’investit pas directement dans ces projets, mais dans des fonds qui les financent. Il faut alors s’assurer que ces fonds soutiennent des projets exclusivement verts et pas seulement en partie. Et parfois, ce n’est pas le cas », répond l’entrepreneur.
Goodvest a levé quelque 2 millions d’euros en 2022 pour doubler ses effectifs et poursuivre sa croissance. Elle a également lancé une assurance-vie responsable dédiée aux mineurs. Mais la start-up ne compte pas s’arrêter là. « Nous souhaitons encore élargir notre méthode de tri et y intégrer la biodiversité aussi, investir dans de l’immobilier durable, pourquoi pas, ou encore proposer de nouveaux produits comme le plan épargne retraite. »