AirZen Radio. Comment définiriez-vous le mouvement impressionniste en peinture ?
Wouter van der Veen. Plus qu’un mouvement, l’impressionnisme est un véritable phénomène. Durant la première moitié du XIXe siècle, des jeunes gens issus de milieux plutôt aisés ont décidé de casser les barrières de l’art figuratif. Ils sortaient enfin des ateliers pour se rendre au contact du réel et de la nature. Ces artistes ont trouvé de nouvelles techniques pour représenter la nature, qui devient alors un personnage à part entière, voire le sujet principal. Le mot impressionnisme vient de l’impression, l’émotion que le peintre ressent face au paysage. C’est cette impression qu’il va partager avec les autres.
Quelles sont les techniques utilisées dans ces œuvres ?
Ces peintres vont reconstituer une teinte en disposant de petites touches de couleur les unes à côté des autres. Pour représenter un plan d’eau au crépuscule, par exemple, on peut utiliser toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. L’important est de créer la bonne symphonie de couleurs. Cela donne une vibration particulière, que l’on n’obtient pas lorsqu’on mélange les couleurs sur la palette. À une certaine distance, l’illusion opère. Notre œil reconstitue la teinte voulue par le peintre.
En dehors des paysages, est-ce que le style impressionniste s’applique aussi aux portraits ?
Le visage va également s’y prêter. La façon de représenter une carnation, la peau humaine, est un défi majeur de l’histoire de l’art. C’est très difficile, car elle change de couleur selon le moment de la journée, l’humeur. Les peintres appliquent alors ces techniques acquises au contact des paysages, pour les visages humains. Et cela va déclencher des réactions outrées de la part des critiques. Pour eux, appliquer du vert pour un visage signifie que la personne est décédée ! Mais cette utilisation de la couleur verte, avec la complémentaire du rouge, permet d’obtenir un très beau mélange, qui donne la carnation finement.
Wouter van der Veen est commissaire de l’exposition “Van Gogh, les derniers voyages“, à découvrir jusqu’au 29 septembre 2024 au château d’Auvers, à Auvers-sur-Oise, dans le Val-d’Oise.