En Bretagne, une dizaine d’amis ont décidé de s’associer pour créer Wild Bretagne. Cette association s’est donné deux missions : acheter des terrains pour les laisser en libre évolution. Ça signifie qu’il n’y a aucune intervention humaine. Ni la chasse, ni les coupes d’arbres ni les plantations, ni les récoltes sont autorisées.
« Si on prélève du bois mort, on enlève un tiers de la vie sauvage parce qu’il sert d’abri et de nourriture. Il faut savoir qu’en France seulement 0,14% de nos forêts sont laissées à l’état sauvage. Et les forêts perdent de leur qualité, explique Alexandre Patureau, membre de l’association. Puis, le but est de sensibiliser à cette disparition sous plein de formes : l’art, le jeu, des ateliers, des expositions, faire des interventions dans les écoles. »
Faire éclore les forêts sauvages
Ce qui les a incités à passer le cap, ce sont les nombreux voyages effectués en Europe pour aller voir ce qu’il en était des espaces sauvages. En revenant en Bretagne, ils ont pu remarquer un contraste. « On s’est rendu compte qu’on était très pauvres en termes de vie sauvage, confie Alexandre. On est l’une des régions de France la moins boisée. C’est pour ça qu’on a eu envie d’agir à notre échelle. »
L’un des sites qui les inspire se trouve à l’est de la Pologne : la forêt Bialowieża. Ils y sont allés il y a deux ans. « C’est la dernière grande forêt sauvage d’Europe. Il y a des arbres multicentenaires, des écosystèmes complets avec des loups, des sphinx et des bisons par exemple », détaille admiratif le représentant de Wild Bretagne.
Agir à son échelle
Les membres de Wild Bretagne ont donc décidé de faire une campagne de financement participatif pour acheter leur première forêt à Plouëc-du-Trieux, tout près de chez eux, dans les Côtes-d’Armor.
« On a trouvé ce terrain, qui se trouve juste à côté de la rivière du Trieux, qui est encore préservé, analyse Alexandre. C’est une zone propice à plus de biodiversité qui fait 1 800 m². C’est une jeune forêt sauvage. » Finalement, ils ont pu récolter plus de 25 000 euros. Bien au-delà de leurs espérances.
Le temps fera les choses
Il faut entre 600 et 700 ans pour qu’une forêt se régénère naturellement. « C’est un temps très long. Mais on est optimiste, déclare le bénévole. On a agi parce qu’on voyait autour de nous s’effondrer la biodiversité. C’est la sixième extinction de masse. On ne voulait pas être les spectateurs de ça. Nous, on estime que chacun, selon ses compétences, son temps, ses envies, peut trouver un moyen d’agir notamment contre le système capitaliste qui est un ennemi du vivant. On doit remettre en question nos modes vie. »