“On ne paie pas que le produit que l’on achète, mais aussi l’entreprise qu’il y a derrière”, explique Marie Nguyen, co-fondatrice de WeDressFair. “On ne souhaitait pas soutenir un système dont on ne voulait pas”. Marie Nguyen et Antoine Coulaud ne sont pas issus du monde de la mode. D’ailleurs, ils ne sont pas spécialement fans de shopping. Mais un jour, ils font le constat que si l’on veut bien manger, finalement, c’est assez simple.
Il y a beaucoup d’alternatives qui existent : bio, producteurs, Amap. En revanche, en ce qui concerne notre deuxième poste de dépense, les vêtements, c’est une autre histoire. “On s’est rendu compte qu’il y avait pourtant plein d’entreprises qui faisaient les choses bien, mais qu’elles étaient bien moins connues que les mastodontes de l’industrie textile, parce que la marge qu’elles faisaient, elles la réinvestissaient dans la recherche de nouvelles matières premières, dans le recyclage, la durabilité, les salaires pour les ouvriers, au lieu du marketing et de la communication”.
Marie et Antoine décident de proposer une alternative crédible aux consommateurs qui se voudraient mieux consommer dans la mode, avoir des vêtements de qualité, moins polluants pour la planète, qui respectent les personnes qui travaillent sur les chaines de production et qui soient beaux à porter au quotidien. Ils créent WeDressFair en 2018.
Des preuves demandées aux marques
“Nous avons établi une charte avec deux critères, un critère social et un critère environnemental”, raconte Marie Nguyen. D’abord, il s’agit de demander à la marque de répondre à un questionnaire afin de vérifier si les critères minimums sont respectés. “Mais on ne s’arrête pas là, ça reste du déclaratif. On va plus loin. On ouvre des dossiers et on demande aux marques de télécharger toutes les preuves des informations qu’elles ont avancées, des factures, des contrats, des labels. Ça va permettre de retracer ces produits et de savoir dans quelles conditions de fabrication, ils ont été conçus”.
Et les marques jouent le jeu. “Celles qui viennent pour être référencées chez nous et celles qu’on va chercher sont des marques qui respectent notre charte de valeur et sont d’accord pour donner cette transparence au consommateur”. Elles sont classées sur le site par pays de confection. WeDressFair s’appuie sur le travail de la Confédération syndicale internationale, qui classe en 5 catégories les pays en fonction du risque du respect du droit du travail. Sur tous les pays plus risqués que la France, des labels forts et des audits sociaux sont réclamés. Pour les pays aux risques similaires ou moindres, c’est la traçabilité qui est demandée. “On fait signer aux marques une charte éthique et une déclaration sur l’honneur comme quoi, elles connaissent bien les usines avec lesquelles elles travaillent et qu’elles vont les visiter une fois an”.
Une solution à l’urgence climatique maintenant
En ce qui concerne les critères environnementaux, 75% des collections totales d’une marque doivent être réalisées en matière éco-responsable. Un produit est considéré comme éco-responsable s’il a plus de 90% de matières qui le sont dans sa composition finale. “Pour proposer au consommateur une vraie alternative crédible aujourd’hui, une solution tout de suite à une urgence climatique et sociale, et non pas mettre en avant des marques qui proposent des initiatives à longue échéance”, précise Marie Nguyen.
Des opérations de sensibilisation au mieux consommé sont aussi organisées. Par exemple, pendant les soldes, le consommateur est poussé à choisir sa réduction, dans une fourchette prédéfinie. “On veut permettre aux gens de pouvoir réfléchir à leur consommation et de ne pas être dans des achats impulsifs qui sont aujourd’hui une des grandes causes de la pollution de l’industrie textile, c’est qu’on consomme trop et qu’il y a trop de vêtements sur la planète. C’est entrer dans ce questionnement supplémentaire. Est-ce que j’en ai besoin aujourd’hui ? Et si oui, à combien je peux participer pour soutenir une entreprise responsable et permettre à chaque consommateur qui n’a pas les moyens de pouvoir accéder à une mode plus juste ?”.
WeDressFair propose aussi des culottes, boxers et chaussettes suspendus sur son site, au prix de 3 euros l’unité, qui viendront alimenter une cagnotte, qui permettra de se fournir auprès des marques partenaires. Une fois par mois, les produits sont redistribués via le Samu social. WeDressFair, c’est aussi une boutique à Lyon.