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VRAC : le droit de manger bio et local dans les quartiers populaires

Dans plusieurs villes de France, l’association Vers un réseau d’achats en commun veut lutter contre les inégalités en matière d’alimentation, en faisant entrer le bio abordable dans les quartiers.
L’association « Réseaux vrac » centralise les acteurs du marché
© Raymond Cold / adobe stock
Journaliste

Il faut remonter à 2004, à Lyon, au bar-restaurant salle de spectacles De l’autre côté du pont pour comprendre les débuts de VRAC. Là, Bertrand Tavernier et ses associés ont fait le choix très tôt de remplacer tous les produits du restaurant par des produits bio et locaux. Le but : soutenir le monde paysan et démocratiser une nouvelle manière de consommer. Le concept de VRAC est né de ces échanges avec des membres du monde associatif et des bailleurs sociaux. Ils venaient y déjeuner régulièrement.

En 2013, le fondateur de VRAC se lance et décide d’adapter le concept aux quartiers populaires. Dix ans plus tard, l’association est présente dans 13 villes en France et à Bruxelles en Belgique. Elle propose des produits bio et locaux à prix coûtants à ses abonnés pour seulement 1 euro d’adhésion par an. Sur le même principe que les Amap, les membres ont leur mot à dire sur le choix des produits et peuvent voter. 

Solidaire des deux côtés de la chaîne

Un travail qui commence en allant au contact des habitants. Il faut rencontrer les associations sur le terrain. Créer un lien de confiance et surtout convaincre par le goût et par le prix. ” Notre choix, c’est de tout revendre à prix coûtant, donc sans aucune marge, en achetant aussi en grosses quantités, sans négocier les prix avec les paysans. Il est également important d’avoir de la solidarité des deux côtés de la chaine alimentaire”, précise Bertrand Tavernier. 

“Dans le fonctionnement, on voulait que ce soit le moins stigmatisant possible, qu’on ne soit pas obligé de prouver qu’on est pauvre pour avoir droit à quelque chose. On part du principe que, quand on habite un quartier populaire, on n’a pas beaucoup d’argent, donc c’est 1 euro l’adhésion à l’année et prix coûtant sur tous les produits.”

Les consommateurs sont aussi acteurs. Une fois par mois, il y a une prise de commande sur une centaine de références. Les habitants peuvent décider des produits et de la quantité commandée. Les livraisons se font alors 10 jours plus tard dans les centres sociaux. Ils vont venir avec leurs propres emballages, leurs bouteilles et une épicerie solidaire est alors créée le temps d’une journée.

Des lieux bio dans les quartiers

“C’est un projet à la fois économique, qui permet à des personnes de consommer ce qu’elles ne pouvaient pas se payer. Un projet autour de la santé. Parce qu’on est sur des quartiers qui sont fortement touchés par le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires. C’est aussi un projet environnemental de par les produits bio et l’absence d’emballage. Mais aussi un projet citoyen car les habitants sont dans la gouvernance de l’association et sont également ambassadeurs du projet. Ce qui nous intéresse, c’est de remettre les gens au centre du système agroalimentaire”, insiste Bertrand Tavernier. 

L’association commence aussi à mettre en place des lieux qui lui sont propres. Dans le quartier Dravemont à Floirac, près de Bordeaux, l’un d’eux a récemment été inauguré en fanfare et en musique. Là où le dernier discounter a mis les voiles et où aucun commerce ne subsistait. Le bailleur social a alors mis une maison à disposition du projet.

Le bio dans les quartiers : créer des vocations

L’association organise par ailleurs des sorties à la campagne pour rencontrer les producteurs. Elle a par ailleurs participé à l’élaboration d’un livre de cuisine, “Femmes d’ici, cuisines d’ailleurs” en 2017. Ou encore à “Ensemble pour mieux se nourrir” en collaboration avec Alexis Jenni et Frédéric Denhez. “On a visité plein d’alternatives partout en France, pour montrer qu’il y a d’autres possibles et qu’on n’est pas obligé d’être dans cette aide alimentaire d’urgence et ce système qui profite à l’industrie alimentaire.”

Des vocations sont nées aussi avec les concours de cuisine organisés par VRAC. Des participants ou gagnants sont devenus traiteurs, certains ont repris leurs études à 50 ans, ont passé des CAP de cuisine. “Il y a plein de personnes issues de l’immigration qui connaissent très bien les bons produits, qui ont un jardin, des ruches. Une fois qu’on a cassé la barrière du prix et du goût, tout le monde a envie de bien manger et de bien agir pour la planète. Les préjugés sont en train de tomber. Quand on est pauvre, on ne prend pas l’avion, on ne va pas au restaurant. Alors, l’alimentation est le seul levier pour agir sur les questions de transition écologique. Et surtout, elles se sentent considérées parce qu’elles se sentent comme tout le monde en ayant accès à ce que seuls les riches pouvaient se payer. Si tout le monde mangeait bio, on ferait d’énormes économies de santé. Ce ne serait pas plus mal pour notre planète”, conclut Bertrand Tavernier.

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