Depuis presque 10 ans, la major pétrolière française a jeté son dévolu sur les ressources gazières dans les eaux profondes sud-africaines. En particulier au large de Port Elizabeth et Cape Town. Mais l’un de leurs derniers projets a été abandonné. “Ils avaient un projet pour exploiter des forages dans des gisements gaziers qu’ils avaient découverts en 2019 et 2020. Et ils voulaient aussi ouvrir une nouvelle campagne d’exploration au large de Cape Town”, explique Swann Bommier, responsable du plaidoyer chez Bloom, association de lutte pour la protection des océans.
L’abandon de ces deux exploitations est une victoire pour le climat et l’océan : “Il ne faut pas ouvrir de nouveaux projets fossiles, sinon on va exploser les deux degrés [de l’accord de Paris]. On peut aller jusqu’à deux et demi, trois, voire plus de degrés de réchauffement, ce qui serait vraiment un désastre.”
Par ailleurs, d’un point de vue économique, TotalEnergies a été dans l’incapacité de s’accorder depuis plus de 18 mois avec le gouvernement sud-africain : “Ils n’avaient pas réussi à se mettre d’accord sur un prix d’achat du gaz avec le gouvernement sud-africain.”
L’océan où tout converge
Le communiqué de presse envoyé par Bloom précise que cette victoire a aussi été engendrée par la force collective. “Le 17 octobre 2022, les associations de protection de l’environnement BLOOM (France) et The Green Connection (Afrique du Sud) organisaient une conférence de presse à Paris […] pour alerter sur les projets gaziers de TotalEnergies en Afrique du Sud, qui étaient jusque-là passés sous les radars. Plus de 100 000 personnes signaient dans les jours suivants une pétition demandant au PDG de TotalEnergies de renoncer à ce projet climaticide dans les eaux profondes d’Afrique du Sud.”
Jusque-là vierges de toute exploitation fossile, les eaux sud africaines grouillent d’une biodiversité essentielle. “C’est un lieu où convergent les baleines qui migrent dans l’océan Austral, les dauphins qui peuvent arriver dans des groupes de plusieurs centaines de dauphins.[…] C’est un endroit où il y a aussi ce qu’on appelle le sardine run, où des grands bancs de poissons se font manger par des tas d’espèces”, explique Swann Bommier, ajoutant que si Total avait installé ses plateformes pétrolières, il y aurait eu des risques de “marées noires, et de fuites très importantes puisqu’il peut y avoir des courants maritimes établis à quatre ou cinq nœuds”.