Si on le croise dans la rue, on peut croire à un jeune trentenaire actif. Les cheveux bruns, coupés très courts, le visage souriant et le regard clair. Mais lorsqu’il enfile sa robe couleur safran et ocre, on comprend que le jeune homme a un métier bien particulier. Kelsang Sangyé est moine bouddhiste. Il est l’enseignant principal du temple de méditation Kadampa, situé à Toulouse.
Tous les jours, son quotidien se résume à la méditation, aux prières, mais aussi à l’enseignement. Il anime des sessions plus ou moins longues pour les fidèles et curieux qui fréquentent le centre. Comme il n’est pas commun de croiser des moines bouddhistes occidentaux, et jeunes a fortiori, nous lui avons posé quelques questions sur son quotidien.
AirZen Radio. Que veut dire votre nom bouddhiste ?
Kelsang Sangyé. Évidemment, je réponds d’un autre nom en famille ou sur mes papiers administratifs. Kelsang c’est mon nom. C’est aussi le prénom de mon guide spirituel. Dès qu’un guide ordonne un disciple, son prénom devient le nom de famille de celui-ci. Et cela veut dire « fortuné ». Sangyé est un mot tibétain. Et c’est mon prénom. C’est comme cela que mes amis m’appellent dans le monde bouddhiste.
Êtes-vous obligé de vous raser la tête ?
Oui. C’est symbolique. Cela nous rappelle le non-attachement et l’humilité.
Existe-t-il des femmes qui sont moines bouddhistes ?
Tout à fait. On appelle cela des moniales. Par exemple, notre cheffe spirituelle est une femme actuellement. Notre mouvement Kadampa a une directrice générale qui est une femme occidentale. Ce qui n’est pas vraiment courant. Nous sommes plutôt habitués aux hommes asiatiques.
La tunique que vous portez est la tenue officielle ?
Oui, c’est la tenue traditionnelle. Elle provient du bouddhisme tibétain. La couleur ocre a été ajoutée au XVe siècle. D’autres courants du bouddhisme, comme le courant zen, portent des tenues plus sombres.
Bouddha est-il considéré comme un dieu ?
Non. Ce n’est pas un dieu. C’est une personne qui a développé tout son potentiel spirituel. Et, du coup, il y a de nombreux Bouddha. Il y en a autant que de personnes qui ont achevé l’entraînement. Le Bouddha que l’on connaît, qui a 2600 ans, a lui-même connu un guide spirituel et, depuis, il y a des milliers et des milliers de personnes qui ont atteint cet état d’éveil.
Est-ce que vous pouvez consommer de l’alcool ?
Moi, non, pas en tant que moine. On a les vœux de la Pratimoksha. Moi, je les ai pris, et donc je n’en consomme pas.
Avez-vous le droit de vous marier ?
Non. L’un de mes vœux proscrit toute activité sexuelle. C’est une forme de libération physique, mais aussi intellectuelle. En revanche, quelqu’un qui a déjà été marié ou a des enfants peut, par la suite, être ordonné prêtre, du moment qu’il n’est pas en couple au moment de l’ordination.
Quelle est, selon vous, la plus belle chose dans votre pratique ?
Le bouddhisme est une méthode pour trouver le bonheur. Et je me dis souvent que j’ai de la chance que ma pratique et que mon métier soient basés sur la recherche d’un état plus heureux et sur la création de bonheur.