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Transports en commun gratuits : à Dunkerque, la fréquentation a doublé

Montpellier a récemment annoncé la gratuité de ses transports en commun. D’autres villes s’y sont d'ores et déjà mises. C’est le cas à de Dunkerque, dans le Nord. Et cinq ans après, les résultats sont là !
Bus coloré gratuit à Dunkerque
© © CUD/Ville de Dunkerque
Journaliste

Monter dans le bus sans valider son ticket. Dans la plupart des villes de France, cela est considéré comme une fraude. Mais à Dunkerque (Nord), comme dans 38 autres communes, c’est tout à fait normal. Celles-ci ont opté pour la gratuité des transports en commun. Montpellier, la dernière en date – et la plus importante à ce jour en termes de nombre d’habitants –, devrait faire de même dans le courant de l’année 2023.

Jusqu’à l’annonce de la préfecture de l’Hérault, Dunkerque était la plus grosse agglomération européenne à avoir adopté la mesure. C’était en 2018 et elle s’adresse à tout le monde : « À l’époque, la question du pouvoir d’achat était moins présente. Mais c’est avant tout pour cela que nous l’avons fait », explique Jean-François Montagne, adjoint au maire de Dunkerque et vice-président de la communauté urbaine en charge de la transition et de la résilience.

Comment fonctionne la gratuité à Dunkerque ?

Par temps gris, impossible de les rater ! Les bus orange, jaunes, bleus ou roses de l’agglomération dunkerquoise circulent toutes les 10 minutes, entre 7 heures et 1 heure. Et toutes ces lignes sont entièrement gratuites. « Et cela vaut pour tout le monde, les habitants comme les touristes. Même pendant le carnaval, pas besoin de ticket », explique Jean-François Montagne.

© CUD/Ville de Dunkerque

Les fonds propres et l’épargne de la ville ont permis de financer la gratuité, lancée en 2018. Et ce, sans augmentation des impôts locaux. « C’est un choix politique, des réorientations budgétaires mais aussi, plus récemment, une légère augmentation de la cotisation mobilité des entreprises », détaille l’adjoint. Cette cotisation, récemment revue à la hausse, sert également à entretenir le réseau. « Nous sommes, par ailleurs, en train de travailler à des transports à la demande pour les entreprises de la zone industrialo-portuaire. »

Il faut dire qu’à Dunkerque, la part voyageur dans le service n’était déjà pas très importante. Les tickets valaient en effet pour 13% du financement. « Automatiquement, dans des villes où le ticket vaut plus de 50% du service, c’est plus compliqué à mettre en place », concède Jean-François Montagne.

Quels résultats ?

« Attention, cette gratuité doit absolument être accompagnée », prévient l’élu. À Dunkerque, le réseau de bus a été modernisé et l’offre renforcée dès 2018. « Les bus sont colorés, nous avons lancé des campagnes de publicité pour inciter aux mobilités douces. Parfois, on prévoyait même des DJ set sur certaines lignes pour donner aux Dunkerquois l’envie de voyager », se souvient l’élu.

© CUD/Ville de Dunkerque

Et cela semble fonctionner, puisque la fréquentation a bondi. Dans certains secteurs, elle a été multipliée par deux, voire par trois. « Rendre les transports gratuits ne suffit pas. Il faut que l’offre suive derrière. »

L’Observatoire des villes du transport gratuit le confirme : la fréquentation des transports en commun (5% des déplacements en 2015) a augmenté de 85%, un an après la mise en place en semaine et le week-end. 10% des habitants du centre-ville auraient par ailleurs renoncé à leur voiture depuis.  

Et dans les autres villes alors, c’est possible ?

À Dunkerque, la mesure est très populaire. Elle connaît plus de 90% de satisfaction du côté des habitants. Par ailleurs, selon l’Observatoire des villes du transport gratuit, il est rare que les nouvelles majorités politiques dans les villes déjà concernées par la gratuité reviennent sur cette décision.

Observatoire des villes du transport gratuit

Dans la ville du Nord comme à Nantes (le week-end), cette gratuité a été notamment rendue possible parce que le prix du billet ne représentait qu’une part minoritaire en matière de financement. Alors que sur les grands réseaux comme Lyon ou Paris, les recettes sont de l’ordre de 30% du budget global. Enfin, contrairement aux grands réseaux comme Lyon, Marseille ou Paris, ceux qui ont choisi la gratuité n’étaient pas saturés.

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