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Timothée Parrique, l’économiste qui prône la décroissance

Qu’est-ce que la décroissance ? Comment l’orchestrer à grande échelle ? Comment (re)mettre de la démocratie dans nos grandes décisions économiques ? Timothée Parrique, économiste engagé.
timothée parrique
© @micheile / Unsplash
Journaliste

Timothée Parrique est chercheur en économie écologique à l’université de Lund, en Suède. Il est spécialiste de la décroissance. Il a publié son premier livre”Ralentir ou périr : l’économie de la décroissance” (éditions du Seuil), en 2022.  Interview.

AirZen Radio. Quelle définition donnez-vous à la décroissance ? 

Timothée Parrique. La décroissance est une réduction de la production et de la consommation pour alléger l’empreinte écologique. J’ajoute que, pour ce faire, il faut planifier démocratiquement, dans un esprit de justice sociale et dans le souci du bien-être. Par exemple, un pays en surchauffe écologique va devoir réduire ses émissions de CO2, son empreinte matières… Et pour maintenir la qualité de vie, il va devoir prioriser. Comme quand quelqu’un décide de perdre 30 kilos, il va alors diminuer sa consommation de viande ou de sucre, faire plus de sport, etc. C’est une question de priorité. C’est donc apprendre à prospérer tout en réduisant son empreinte.  

En quoi est-ce une solution pour l’avenir ? 

On peut maintenir un statu quo, donc une espèce de croissance soi-disant verte qui, un jour, mènera à ce grand découplage entre les activités économiques et l’environnement, grâce à la technologie notamment. Moi, je n’y crois pas. Le premier avantage de la décroissance, c’est de proposer une solution aux problèmes de l’insoutenabilité écologique qui fonctionne.

Olivier Montégut / AirZen Radio

Il y a, c’est vrai, beaucoup de difficultés administratives, sociologiques, anthropologiques pour la mettre en œuvre parce que c’est un concept nouveau. Un changement de paradigme. Mais on a vu que c’était possible pendant le Covid, par exemple. C’est écologiquement efficace. On doit ensuite faire en sorte que ce soit en adéquation avec le maintien de la qualité de vie.  

Le produit intérieur brut (PIB) est-il toujours pertinent pour calculer notre croissance ? 

Au lieu d’avoir un seul indicateur synthétique, qui ne prend pas en compte des secteurs comme l’éducation, la santé ou l’agriculture, on pourrait les intégrer. Avec des indicateurs concrets de bien-être, d’espérance de vie, du succès du système éducatif, de l’impact sur les sols… on aurait ainsi une sorte de baromètre de bonne santé de notre pays. Et cela nous permettrait de faire de véritables arbitrages. On se demanderait alors à chaque action macroéconomique : “est-ce que ça vaut le coup ?”

Comment emporter la population dans ce nouvel élan ? 

Les industriels ont pris énormément de décisions à nos dépens. On n’a pas décidé de grand-chose en fait, on n’a pas eu le choix. Il n’y a personne à dire “changer d’avis”. On pourrait donc, pour une fois, consulter vraiment la population. Par exemple via des conférences démocratiques, des forums de transition écologique ou de bien-être. Il faut prendre les décisions économiques avec les règles de la démocratie participative.  

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