Céline Auriemma est une ancienne handballeuse professionnelle. Elle a tiré de ses performances, de ses réussites et de ses échecs, la conviction que le mental était au moins aussi important que le physique ou la stratégie. Elle est ainsi devenue coach et préparateur mental pour les athlètes.
Selon elle, il est ainsi possible d’apprendre à réguler ses émotions pour en tirer le meilleur parti. En pleine compétition olympique, nous nous sommes penchés sur le lien entre sport et émotions intenses.
AirZen Radio. L’athlète se prépare physique, c’est une certitude. Mais il y a aussi un véritable entraînement psychologique qui va avec ?
Céline Auriemma. Dans les piliers de la performance, il y a le physique, la technique, la stratégie et le mental. L’athlète s’entraîne tous les jours, parfois même plusieurs fois par jour, mais pense-t-il à sa psyché ? S’il s’entraîne à accueillir ses émotions, à mieux se connaître, ne va-t-il pas, à ce moment-là, faire la différence pendant un match ? On s’entraîne pendant les séances, en dehors des séances, pendant les matchs. Tout le temps.
Concrètement, comment ça se passe ?
Quelquefois, on est en colère. On peut imaginer un joueur en colère, frustré d’une décision de l’arbitre. Si c’est aidant pour lui d’être en colère parce que ça va l’aider à se recentrer, à redoubler d’effort, alors je vais l’accompagner pour en être conscient et l’accepter. En revanche, s’il passe de la colère à la frustration et que l’athlète devient enragé et que cela le freine dans sa performance, à ce moment-là, c’est limitant. Qu’est-ce qu’on en fait, commet améliorer cela ?
Comment utiliser ses émotions en sport ?
On peut intervenir en amont, mais aussi pendant une mi-temps par exemple. Je demande de mettre les mots, de dire en quoi une colère peut être limitante et on s’oriente ensemble vers une autre émotion. De nombreux outils existent. La respiration, par exemple, la cohérence cardiaque… Je n’impose rien, c’est un accompagnement.
Vous articulez votre travail d’accompagnement en trois ou quatre étapes. Pouvez-vous nous en dire plus ?
La première étape consiste à accueillir l’émotion. Et se demander quel impact physique ou moral elle a sur nous. Par exemple, imaginez la colère : la boule au ventre, la gorge qui se sert, les pensées négatives. Donc déjà, avec l’athlète, je déblaie le terrain. Réaction émotionnelle et prise d’information. Deuxième étape : nommer l’émotion. J’aime bien la mettre à distance. Je ne suis pas triste, je me sens triste. Cela ne nous définit pas. D’autant qu’une émotion est très passagère. Des études parlent de 90 secondes pour sa durée. Cela peut être court comme très long si on y est confronté pendant un match par exemple.
Troisième étape, on laisse passer cette émotion, sans la juger. Puis, on peut l’utiliser. Je reprends l’exemple de la colère. Je ressens de la colère, cela me tend les muscles. C’est ok. Maintenant, comment je peux l’utiliser ? Est-ce que cela me rend plus explosif ? Dans ce cas, puis-je l’utiliser sur une action ? Au contraire, est-ce qu’habituellement ça me dessert ? Si oui, peut-être que je dois ne pas m’en servir. C’est le dosage qui est le plus important.