Il y a un regain d’intérêt pour la couture, “je l’ai vraiment vu depuis que je me suis lancée”, raconte Saskia, qui donne des cours en Gironde. “La demande pour connaître et apprendre à utiliser la machine à coudre s’est développée. Auparavant, on était un petit milieu qui restait assez fermé. Maintenant, quand les gens veulent faire du loisir créatif, ils touchent à beaucoup de choses et notamment à la couture. Ils n’ont pas envie de survoler la discipline, mais de s’investir vraiment.”
Et il est bien plus facile de trouver un cours aujourd’hui qu’il y a dix ans. “Il y a quelques années, le regard qu’on avait sur la couture était très vieillissant. Quand j’étais petite, je ne trouvais pas d’atelier couture parce que c’était hyper ringard. Je ne pouvais pas dire à mes copains et mes copines que je faisais de la couture le dimanche. Quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard et que je disais que je voulais faire de la couture, on me regardait avec des grands yeux. Dans les dix dernières années, il y a vraiment eu une évolution positive”, explique Saskia.
Une pratique qui est aussi de moins en moins genrée. Dans les stages d’été de Saskia, plusieurs hommes et jeunes garçons se sont inscrits : “Je note qu’ils commencent à se sentir de plus en plus concernés. Ils ne veulent pas juste retoucher quelque chose, ils ont vraiment envie de créer leurs vêtements pour que ça leur ressemble. Aujourd’hui, on a tous tendance à consommer de la même façon. Créer par soi-même, faire ses vêtements, c’est une manière de s’affirmer, avec ses propres goûts, avec ses propres choix.”
Un loisir qui apporte beaucoup. “Tout d’abord, on est obligé de se centrer, de se concentrer sur cette tâche qu’on est en train de réaliser, du coup c’est un sas, c’est en ça que c’est apaisant, on est un peu dans cette bulle, déconnecté de tout. Et puis, bien sûr, il y a la satisfaction d’avoir réalisé quelque chose”, développe la couturière.
Des possibilités infinies
Après quelques expériences et créations personnelles, Saskia se consacre aujourd’hui exclusivement aux cours qu’elle prodigue à tout type de public, adultes, adolescents et même enfants, à qui elle permet de réaliser les conceptions qu’ils souhaitent, que ce soit pour l’ameublement, le prêt à porter… Elle intervient dans des associations, des entreprises, des services communaux, notamment des espaces jeunes, des magasins de tissus… “Chacune des personnes arrive avec ses projets, son niveau, et je m’adapte pour l’aider au mieux”, précise-t-elle.
Tous les âges donc et tous les parcours : “Soit ils ont envie d’apprendre à utiliser une machine à coudre qui est en train de dormir dans leur placard depuis un certain temps, soit ce sont des gens qui veulent se perfectionner. Je leur suggère d’avoir un projet pour avoir un but. Même s’ils arrivent sans idée, avec l’émulsion du groupe, les projets fusent.”
Car la couture est abordable pour tous, scande Saskia. Il y a une prise en main de la machine à atteindre. Une fois ce premier palier passé, tout le monde peut coudre. “La preuve : il y a des enfants de 6/7 ans qui viennent en atelier et qui font des réalisations identiques à celles des adultes. Et puis une fois que l’on sait coudre, les possibilités sont infinies.”
Transmettre est son moteur
Des ateliers qui permettent aussi de nouer du lien social. “Souvent, je dis que la couture est un prétexte. On rencontre beaucoup de gens, beaucoup d’histoires de vie, des gens qui ont besoin de se retrouver, et qui passent par la couture pour aider à se reconstruire. Certains sont arrivés un peu perdus, ne savaient pas trop où ils en étaient dans leur vie, ont progressé, se sont formés, ont passé des CAP, se sont mis à leur compte, se sont construits au niveau professionnel. C’est valorisant de réaliser qu’on est capable de faire des choses. Ça leur a aussi donné un coup de peps’ dans leur vie personnelle aussi”, explique la professeure de couture.
Une partie du travail très chère à Saskia, qui aime fédérer autour de ses ateliers, organiser des événements, “que les gens se rencontrent, qu’il y ait du lien, du physique, et pas que du virtuel. Pour moi, c’est important, donc je me dis que ça peut l’être pour d’autres. Transmettre, c’est mon moteur, c’est ce que j’aime le plus.”