« Cet été, ne vous laissez pas bêtement piquer votre sang. Donnez-le ! » C’est le slogan de la campagne estivale de l’Établissement Français du Sang (EFS) Nouvelle-Aquitaine. Entretien avec Sandrine Le Goff, responsable du développement du territoire de Gironde au sein de la structure.
AirZen Radio. Vous avez opté pour une pointe d’humour pour cette campagne de cet été ?
Sandrine Le Goff. On est dans un contexte un petit peu particulier et de difficulté. Depuis le début l’année, les stocks et les réserves sont vraiment bas. On voulait donc lancer une campagne un peu humoristique, qui pique comme on dit avec cette accroche, pour rappeler qu’il est important d’aller donner son sang. Mais aussi pour essayer d’interpeller les donneurs et les non-donneurs avec une pointe un peu estivale et qui nous touche tous. C’est le cas de le dire puisqu’on est tous un peu impactés par les piqûres de moustiques (rires).
Qu’en est-il des réserves de sang actuellement ?
La mobilisation des donneurs au cours de ces dernières semaines, notamment à l’occasion de la Journée mondiale des donneurs de sang qui a lieu le 14 juin, n’a pas permis d’inverser la tendance qui était déjà à la baisse depuis le début de l’année. Puis la période électorale nous a mis aussi en difficulté. Et on sait que, traditionnellement, l’été est une période particulièrement sensible, où les donneurs sont en vacances, donc moins disponibles. Et on doit aussi prévoir de répondre aux besoins pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques.
Pour cela, nous avions pour objectif de remplir nos réserves pour atteindre 105 000 poches de sang d’ici à la mi-juillet. Nous n’y sommes pas puisqu’on compte 93 000 poches au niveau national. Et au niveau de la Nouvelle-Aquitaine, nous devrions avoir 10 000 poches en réserve. Mais actuellement, nous n’en avons que 8000. D’où cette campagne un petit peu différente sur un ton humoristique pour interpeller les Français et leur demander de se mobiliser massivement, notamment ceux du groupe sanguin O négatif. Il y a un gros besoin pour ce groupe actuellement.
Il s’agit du groupe sanguin universel ?
Effectivement, c’est le groupe sanguin qui est donné en cas d’urgence vitale immédiate. Les donneurs de groupe au rhésus négatif, qui sont dits « donneurs universels », ont des globules rouges pouvant être transfusés à tous les types de patients, quel que soit leur groupe. Ils sont donc réellement indispensables, notamment en cas d’urgence vitale immédiate et qu’on ne connaît pas le groupe sanguin du receveur.
Vous avez dit que, lors de la période estivale, les vacanciers se mobilisent moins. Mais finalement, ne serait-ce pas le meilleur moment pour faire un don ?
Complètement. De toute façon, on a besoin de dons réguliers. Il faut savoir qu’on peut donner son sang tous les 56 jours, jusqu’à quatre fois par an pour une femme et six fois pour un homme. Il y a des collectes tous les jours, partout en France. Nous avons aussi à cœur de proposer des collectes sur les lieux de villégiature des Français. Dans la région Nouvelle-Aquitaine, il y a des collectes estivales, pas forcément uniquement à la plage, mais il y en a effectivement à Lacanau ou sur le bassin d’Arcachon. C’est l’occasion d’attirer des donneurs qui n’ont pas le temps d’aller faire un don du sang le reste l’année et qui sont en vacances.
Pouvez-vous rappeler à quoi servent les dons du sang, pour bien comprendre leur nécessité ?
Alors, le don de sang permet majoritairement de traiter des patients atteints de cancer et de maladie rare génétique. On va aussi venir transfuser du sang aux victimes d’hémorragie, d’accident de la route, d’intervention chirurgicale ou lors de certains accouchements, etc. Il y a différents besoins, d’où cette nécessité de 1 000 poches chaque jour en Nouvelle-Aquitaine pour soigner les malades.
Et à l’échelle nationale, c’est 10 000 dons nécessaires par jour. La Nouvelle-Aquitaine représente donc 10% des besoins…
Exactement ! J’en profite également pour parler du don de plasma, qui se fait sur rendez-vous dans des Maisons du don. On a de plus en plus besoin de ce don, dont n’est pas autosuffisant. Il faut savoir qu’on importe, majoritairement des États-Unis, 65% des produits issus du plasma. Là-bas, ils pratiquent des politiques de prélèvement générique, donc très éloignées de notre éthique française. Ce don permet de soigner des personnes atteintes de maladies rares, auto-immunes. Certaines personnes ont besoin de 580 dons de plasma par an pour pouvoir marcher. C’est énorme.
La recherche a permis d’identifier qu’on pouvait soigner de plus en plus de malades avec des produits dérivés du plasma. On sait donc que la demande est en pleine expansion. Et le plasma permet vraiment d’améliorer le quotidien de certains patients, car les maladies auto-immunes sont malheureusement en plein développement.