Avec l’arrivée des beaux jours, la France s’est mise en alerte face aux pollens. Et pour cause, ils sont à l’origine de nombreux symptômes d’allergies qui peuvent être handicapants au quotidien.
Alors, pour mieux comprendre et gérer ces allergies respiratoires liées aux pollens, la médecin-allergologue Séverine Fernandez répond à nos questions. Elle est par ailleurs vice-présidente du SYFAL, le Syndicat Français des Allergologues.
AirZen Radio. Qu’est-ce que le pollen ?
Séverine Fernandez. Le pollen est une particule de pollinisation d’une plante qui lui permet de se développer, de pulluler et de voir apparaître à proximité des fleurs. Après, ça dépend si on parle des arbres graminées. Mais pour simplifier, c’est une particule d’une fleur qui, pour nous allergologues, est responsable des maladies allergiques respiratoires.
Justement, est-ce que toutes les plantes sont allergisantes ?
Non. Pour créer de l’allergie, il faut avoir une certaine catégorie de pollen. Cela dépend du poids moléculaire et de la configuration plante. En revanche, on ne retrouve pas les plantes allergènes partout. Elles varient en fonction des régions. Par exemple, le bouleau, du Nord jusqu’à Lyon. Dans le Sud, c’est plutôt le cyprès qu’on retrouve. Puis, de façon générale, on a aussi l’ambroisie et l’armoise qui traversent la France.
Il y avait auparavant un territoire bien délimité, mais avec le réchauffement climatique, on a vu l’apparition d’arbres nouveaux dans certains territoires. Cela rend plus difficile une cartographie des allergies.
Quels sont les symptômes de ces allergies aux pollens ?
Le plus léger, c’est ce qu’on appelle communément « le rhume des foins ». On éternue en salve, une fois de temps en temps. On peut prendre des antihistaminiques ou faire des traitements locaux. Le stade au-dessus, ça peut être une rhinite allergique avec conjonctivite. Les yeux sont larmoyants, rouges avec une sensation de grains de sable dans l’œil.
Les symptômes deviennent graves quand on ressent une gêne dans le quotidien, quand ça nous empêche de faire du sport, provoque des troubles du sommeil avec le nez qui se bouche qui gratte. Le stade le plus important, c’est quand ça se développe en asthme. Cette maladie respiratoire est encore responsable d’hospitalisations et de décès.
Quelles sont vos recommandations en cas d’allergies aux pollens ?
Alors, tout d’abord, il ne faut pas banaliser les allergies. Selon l’Organisation mondiale de la santé, une personne sur deux sera allergique dans le monde en 2050. Je recommande donc d’aller voir son médecin traitant. Il pourra mettre en place un traitement pour diminuer les symptômes.
Si ça s’aggrave, que ça devient chronique, il faut s’adresser à un allergologue. Il va pouvoir conseiller un traitement adapté comme la désensibilisation. D’abord, il va faire un bilan allergologique pendant lequel on dépose sur la peau des allergènes. Ainsi, on va cartographier les allergies potentielles en fonction des réactions. Finalement, le traitement, c’est l’allergène. On traite le mal par le mal, et ce, durant un certain temps.
Est-ce que la désensibilisation est le seul moyen pour traiter les allergies ?
Alors, c’est vrai qu’il y a des fiches-conseils pour améliorer son habitat, comme éviter d’aérer s’il y a beaucoup de vent. Le faire plutôt le matin tôt ou en début de soirée pour éviter les pollens. Mieux vaut aussi privilégier les douches le soir, etc. Ce sont des conseils de bons sens et c’est très bien de les suivre en plein pic de pollens. Mais lorsqu’une allergie est invalidante, il faut privilégier une désensibilisation.