L’arthrose du pouce, de son nom médical la rhizarthrose, est la plus fréquente des arthroses du membre supérieur. Très handicapante au quotidien, le corps médical encourage les patients à prendre au sérieux cette pathologie car la médecine a évolué dans ce domaine et offre différentes possibilités.
Entretien avec Marie-Laure Abi Chahla, chirurgienne de la main et du poignet au CHU de Bordeaux, qui aborde les solutions qui existent.
AirZen Radio. Tout d’abord, qu’est-ce que l’arthrose de façon générale ?
Docteure Marie-Laure Abi Chahla. C’est une usure progressive du cartilage au niveau des articulations qui apparaît le plus souvent avec l’âge. En ce qui concerne l’arthrose du pouce, le diagnostic se fait à la radiographie. On voit alors qu’il y a un pincement au niveau de l’articulation et que le cartilage n’est plus compétent.
Pourquoi parler de l’arthrose spécifiquement du pouce ? Et quelles sont les conséquences de l’arthrose du pouce sur le quotidien ?
Parce que ça touche justement le quotidien. Les personnes rencontrent des douleurs, car le pouce sert à saisir l’ensemble des éléments avec la main. Dès que vous faites la pince, pouce-index ou avec les autres doigts, ça entraîne des contraintes au niveau de l’articulation trapézo-métacarpienne. Je reçois donc des patients qui viennent avec des problèmes de douleur, un manque de force. C’est compliqué pour dévisser le bouchon d’une bouteille, par exemple.
Que faire une fois que le diagnostic est tombé ?
Dans un premier temps, on fait un traitement conservatoire, donc non chirurgical, en soulageant le patient en lui mettant une orthèse. C’est une attelle d’immobilisation. Si ça ne suffit pas, on fait une infiltration pour permettre de supporter la douleur. Si ce n’est toujours pas suffisant, on passe à la chirurgie. À savoir, on ne peut pas guérir de l’arthrose, mais on la soigne.
Y a-t-il moyen de soulager l’arthrose ?
Oui, dans les stades débutants, chez les gens un peu jeunes et pour lesquels on ne veut pas arriver trop vite à la chirurgie. Il faut éviter certains mouvements, comme utiliser un sécateur et un épluche-légumes parce qu’on fait des contraintes sur le pouce et sur l’articulation qui souffrent déjà un peu. Il y a aussi des techniques de rééducation pour réaxer l’articulation pour qu’elle ne s’use pas trop vite.
Et est-ce qu’il y a une population qui est plus touchée par la rhizarthrose ?
Il y a une prévalence de 25% des femmes en post-ménopause. Et la proportion de la population, c’est entre 8% et 22% chez les femmes et 2% à 5% chez les hommes. On peut donc constater que c’est principalement une population féminine, entre 50 et 60 ans. Il se peut qu’il y ait des facteurs hormonaux, mais je ne peux pas vous dire, ça n’a été démontré ni recherché. Après, il y a d’autres pathologies qui arrivent avec les changements hormonaux, comme le syndrome du canal carpien.
Pour terminer, quel message souhaitez-vous adresser ?
Il y a des solutions qui existent. Dès que vous avez des douleurs de pouce et de pince, il faut aller voir un spécialiste. Auparavant, les gens ne consultaient pas pour l’arthrose du pouce et, au bout d’un moment, celui-ci était déformé, mais même si c’est moins douloureux. Mais il ne faut pas attendre ce stade-là. Des solutions efficaces existent.
