On l’ignore sans doute hors des cercles consacrés, mais la France est un pays de marins. C’est même le premier constructeur de voiliers au monde, avec une présence côtière très importante. C’est dire s’il est facile d’y trouver un bateau ! Pour autant, en posséder un est une autre paire de manches. Cela coûte extrêmement cher, en matière d’entretien et de stationnement au port. Ce n’est donc pas accessible à tout le monde. En revanche, en louer un est beaucoup plus simple. C’est ce que propose SamBoat.
“Mes parents étaient propriétaires d’un voilier, dont on se servait peu parce qu’on ne vivait pas à proximité”, raconte Laurent Calendo, CEO et co-fondateur de SamBoat. “On montait à bord trois à quatre fois par an, alors que cela représentait une charge conséquente et un travail d’entretien monstrueux. Je me suis dit, “pourquoi on n’en louerait pas un juste quand on en a besoin et on vendrait le nôtre ?!” À l’époque, la possibilité n’existe pas. Impossible de trouver un voilier à louer pour quelques heures sur le bassin d’Arcachon, où mouille le bateau en question. Plus tard, au moment de l’avènement de la sharing economy (économie du partage, NDLR), le jeune homme saute sur l’occasion pour concrétiser son idée, dans un secteur particulièrement adapté au partage.
Instaurer la confiance
Pourtant, au démarrage, il a fallu convaincre les premiers propriétaires de bateau de s’inscrire sur la plateforme. “On nous prenait pour des extraterrestres”, se rappelle Laurent Calendo, qui s’entend prédire à ce moment-là par les professionnels du nautisme que son projet n’a aucune chance d’aboutir. Pourtant, l’idée fait son chemin et la croissance est exponentielle les premières années. Il aura réussi à faire changer la mentalité des propriétaires de bateau, grâce à de solides garanties, assurances, CV nautique, “des outils qui ont permis de créer cette confiance qui fait qu’aujourd’hui, c’est devenu une évidence de louer son bateau”.
Aujourd’hui, 50 000 bateaux sont proposés à la location dans 76 pays. Pour faire simple, on peut trouver une opportunité à peu près partout dans le monde. Si certains naviguent à la journée ou à la demi-journée, emportant un pique-nique et en profitant pour tester la plongée ou les sports tractés, d’autres embarquent pour plusieurs jours ou semaines, parfois avec un skipper, option proposée par SamBoat.
Car pas besoin de savoir naviguer pour louer un bateau, et c’est en cela que la démocratisation du nautisme prend tout son sens. Que ce soit à bord d’un petit bateau sans permis, ou plus longuement sur un catamaran avec un professionnel, tout est possible aux néophytes. “La présence d’un skipper permet aussi d’être complètement décontracté et zen lors de sa location, avec quelqu’un qui connaît également sa zone de navigation”. Lequel peut donc nous aiguiller vers ses bons plans, voire même nous emmener dans un bar ou un restaurant uniquement accessible par l’eau.
La nouvelle clientèle est particulièrement intéressée par les catamarans, confie Laurent Calendo. Avec ses deux coques, il offre plus de stabilité qu’un voilier, plus de place et donc plus de confort. “De véritables lofts sur l’eau”, dépeint-il.
Déconnexion et liberté
Un mode de voyage qui attire de plus en plus, car il permet de prendre son temps. Et de le faire de façon écologique, puisqu’on est poussé par les vents. Un côté “aventure” aussi très recherché, puisqu’il y aura forcément des rebondissements, du fait de l’adaptabilité permanente nécessaire lors d’un voyage en mer, ne serait-ce qu’à cause des conditions météorologiques aléatoires. “Quand on conduit, la route est tracée et on la suit, explique le CEO de SamBoat. En bateau, on peut aller où on veut quand on veut, ce qui crée un véritable sentiment de liberté. C’est une approche complètement différente, qui fait que les gens, une fois qu’ils ont essayé, adorent.”
Un moyen de transport qui permet aussi, facilement, une grande déconnexion. “Le fait de pouvoir se déplacer sans bruit, c’est déjà extraordinaire et c’est d’ailleurs un des seuls endroits où on remarque que les gens mettent leur téléphone de côté pour vraiment prendre le temps et apprécier le moment présent, souvent partagé avec famille et amis. C’est d’une efficacité redoutable et c’est difficile même de revenir à la vie réelle”, s’amuse Laurent Calendo.
Une vie marine saisissante
Le tableau ne serait pas complet sans la richesse de la vie marine, qui ne manquera pas d’accentuer encore plus la déconnexion. “Une fois au large, on voit très vite des dauphins, des thons, on peut aussi pécher à bord du bateau, prendre son masque et son tuba dès qu’on arrive dans un endroit de mouillage et aller observer les fonds marins, voire même des coraux ou des tortues si l’on navigue dans les Caraïbes, l’une des plus belles zones qui existe. Chaque site regorge de richesses et de vie animale incroyables.”
On pense souvent à la mer, à l’océan, mais on peut aussi louer un bateau pour naviguer sur les lacs, les rivières ou les canaux, “par exemple le canal du Midi, qui est une super expérience de location, ou sur la Seine, pour découvrir Paris et tous ses monuments depuis le fleuve, c’est une expérience très forte à chaque fois pour ceux qui l’ont essayée”.