« Safer Plage », que l’on pourrait traduire par « plage plus sécurisée », est le nom du dispositif mis en place par la Ville de Marseille. Elle l’avait déjà expérimenté l’été dernier sur la plage du Prado. Cet été, il est mis en place jusqu’au 31 août sur quatre plages : Corbière, les Catalans, Bonneveine et Pointe-Rouge.
L’objectif de cette démarche est de réduire les violences sexistes et sexuelles sur les plages. Une application mobile gratuite a d’ailleurs été créée en ce sens. Avec cette dernière, la victime présumée peut signaler si elle est gênée, harcelée ou en danger. Elle sera alors mise relation avec des médiateurs. Ceux-ci viendront alors à sa rencontre pour l’orienter vers une prise en charge.
Lutter contre les violences sexistes et sexuelles
Nathalie Tessier, conseillère municipale à Marseille chargée de la délégation des droits des femmes et de la lutte contre les violences faites aux femmes, a sollicité l’association Orane pour co-coordonner cette démarche. La structure est à l’origine du festival Marsatac et du dispositif Safer qui permet de signaler des faits de harcèlements dans les festivals et les concerts. L’élue a ainsi souhaité l’adapter aux plages.
Plusieurs éléments ont motivé cette démarche. « Déjà, il y a le constat qu’au niveau national les violences sexistes et sexuelles sont encore très présentes en France, comme le rapporte le rapport 2023 du HCE (Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, NDLR). Notamment, que les violences sexistes dites « ordinaires » sont en progression. Pourtant, ce sont elles qui font le lit des violences sexuelles et des féminicides. On en est à une femme tuée tous les deux jours par son conjoint [ou ex-conjoint en France]. Et on n’arrive pas à faire baisser ce chiffre », se désole Nathalie Tessier.
Une formation aux violences sexistes et sexuelles
La municipalité marseillaise a recruté 17 médiateurs. Ils ont été formés pendant quatre heures par l’association Consentis choisie par Orane. « Lors de cette formation, on leur apprend à désamorcer une situation, à se protéger ainsi que les victimes. On leur a donné les clés pour savoir intervenir avec des méthodes de dialogue de distraction. Personnellement, je les ai formés à la gestion de l’application de Safer Plage », explique Justine Noël, responsable de Safer.
Par deux, ce médiateurs se rendent de 12 à 19 heures ou de 14 à 21 heures sur les plages concernées. En complément, une vingtaine d’associations féministes et contre les violences sexistes et sexuelles y sont présentes deux fois par semaine.
Informer, sensibiliser, prévenir
À la fin de l’été, Justine effectuera un bilan à différents niveaux. Celui-ci impliquera l’analyse des types de signalements et par qui ils ont été faits, le nombre de téléchargements, de comptes créés, ainsi que le temps de prise en charge des victimes présumées. Elle va aussi s’appuyer sur les fiches “incidents” rédigées par les médiateurs, mais aussi sur les nombreuses réunions faites avec la Ville, le responsable du service sécurité, les secouristes, les médiateurs et les associations.
Par ailleurs, pour la responsable de Safer, « ce dispositif est vraiment comme une boîte à outils. C’est important de sensibiliser, former et faire de la prévention auprès d’un maximum de personnes. Cela permet par ailleurs aux médiateurs et médiatrices d’acquérir des compétences en plus en tant que citoyens ».