Ce n’est pas vraiment une nouvelle vision des choses. Tout du moins à l’échelle de l’histoire. Il y a plus d’une soixantaine d’années, on acceptait plus de mobilité du trait de côte. Ce n’est que récemment qu’on l’a fixé. Des habitations ont poussé et ont pris de la valeur, de nouvelles routes ont été construites et des activités économiques fortes se sont implantées. Cela rend très difficile aujourd’hui tout déplacement.
“L’idée, c’est de réaccepter qu’il puisse y avoir une zone où on inclut un peu de mobilité”, explique Adrien Privat, responsable de mission interface terre-mer au sein de la direction de la gestion patrimoniale du Conservatoire du littoral à Rochefort (Charente-Maritime).
C’est l’ambition du projet Adapto. S’intéresser à mettre en place des mesures de gestion souple du trait de côte sur des territoires côtiers pour voir dans quelle mesure elles sont possibles et si c’est une bonne mesure d’adaptation au changement climatique. Un projet soutenu par la Commission européenne dans le cadre de la mise en œuvre de sa politique environnementale. C’est accepter qu’il y ait une mobilité naturelle du trait de côte, qui aille vers la mer ou vers la terre. Plutôt que de le fixer avec des ouvrages. Faire avec la nature et pas contre elle.
Gagnants à tous les niveaux
“Cela fait partie de cet ensemble de solutions qu’on appelle les solutions d’adaptation au changement climatique fondées sur la nature. Pour utiliser le fonctionnement des espaces naturels ou de la nature comme part d’une solution à un défi social, un défi sociétal qui est devant nous”, explique Adrien Privat. Mais il faut que ces solutions soient bonnes pour l’environnement et pour lutter contre la crise écologique. Et intéressantes d’un point de vue social et économique.
Il y a, par exemple, la reconnexion marine. On va brècher ou arrêter d’entretenir une digue pour qu’elle se casse et en créer une deuxième plus à l’arrière. C’est ce qu’on appelle des digues de second rang. Une technique d’expansion des crues qui peut abaisser le niveau de l’eau de quelques centimètres.
Le projet Adapto peut aussi accompagner la dynamique des dunes pour qu’elles puissent rouler sur elles-mêmes. Et ainsi servir de rempart contre la montée des eaux. Il y a aussi la recomposition spatiale, la relocalisation des enjeux. Concrètement, on va retirer tout ce qui est menacé pour les mettre ailleurs et jouer un rôle de protection. Cela peut être des habitations, des activités agricoles, de l’élevage, des infrastructures de loisirs, restaurants, hôtels, golfs, infrastructures routières. Pour cela, le Conservatoire du littoral peut acheter ces bâtiments au prix du marché et développe des campagnes de sensibilisation pour aller à la rencontre du public littoral.