« Le roi Charles III est un homme très engagé. Politiquement, par exemple, c’est un prince qui a toujours donné son avis là où on attend justement de la réserve de la part d’un monarque », explique Kévin Guillot. Le journaliste, spécialiste de la couronne britannique et auteur du livre “William, le prince qui voulait être roi” (city éditions). Chez le roi, l’engagement est aussi écologiste. Et il semble extrêmement sincère.
Un roi engagé et écologiste
« Le prince Charles a été l’un des premiers à mentionner le réchauffement climatique en Grande-Bretagne, à l’échelle de l’État. Il l’a évoqué lors de son premier discours officiel en tant que prince de Galles dans les années 1970 », raconte le journaliste.
Un engagement qu’il n’a pas perdu puisqu’il a aussi mentionné le climat lors du discours inaugural de la récente COP26 à Glasgow. Et ce, alors même que la classe politique britannique lui demandait de rester en retrait sur le sujet. Mais Charles III ne s’arrête pas là. « C’est un amoureux des plantes, des jardins, de la terre. Il a son propre poulailler. Il recycle son eau usée… C’est un gentleman farmer », explique le journaliste.
Le prince désormais roi se cache aussi derrière l’architecture du village de Poundbury. Située au sud de l’Angleterre, cette bourgade durable concentre toutes les ambitions écologiques du monarque avec ses immeubles éco-conçus et ses parcs arborés.
Dans son domaine de Highgrove, dans l’ouest du pays, le roi a créé un jardin ouvert au public et une ferme 100% bio. Il a aussi souhaité verdir au maximum ses propriétés royales en adoptant au maximum les énergies renouvelables.
Il partage aussi, depuis plusieurs années, son bilan carbone en y intégrant aussi ses voyages non officiels. Pour sa venue en France, le roi a d’ailleurs choisi le train, notamment pour faire le voyage entre Paris et Bordeaux, ville écologiste qu’il tenait à visiter.
Le choix de Bordeaux : tout un symbole
Pour son premier déplacement dans l’Hexagone, Charles III a donc choisi de visiter une ville écologiste. Mais pas seulement. « Il a aussi été très marqué par les incendies qui ont ravagé la Gironde en 2022 et il veut vraiment s’en rendre compte », explique le journaliste.
Il y a aussi toute une symbolique derrière le choix de la Nouvelle-Aquitaine. « On se souvient du mariage d’Aliénor d’Aquitaine et le roi Henri Plantagenêt. Ce qui a fait de cette région une quasi-colonie de la couronne pendant des siècles. Jusqu’au XVe siècle pour Bordeaux, par exemple », ajoute le spécialiste.
Lors de l’une des cinq visites de la reine Elisabeth II, celle-ci avait justement choisi Bordeaux en 1992 pour marquer ce lien entre les deux pays. Aujourd’hui encore, des traces persistent. « L’architecture de Poitiers, par exemple, est très proche de ce qui peut se faire en Grande-Bretagne. Et il existe une communauté anglo-saxonne extrêmement importante », ajoute Kévin Guillot.
Un roi qui peut mieux faire ?
« La famille royale a un mode de vie extrêmement privilégié, certes. Cela n’empêche pas que Charles III essaye de l’adapter aux attentes du peuple concernant le sauvetage de la planète et l’écologie. Il évite, par exemple, au maximum de prendre l’avion. C’est peut-être anecdotique pour nous, mais lui a la possibilité de traverser le pays en jet. Il choisit de ne pas le faire », explique Kévin Guillot.
Si le monarque et ses deux fils prônent à qui veut l’entendre une société plus verte, Buckingham Palace est loin d’avoir entamé sa transition. Les déplacements se font encore majoritairement via des moyens de transports carbonés.
Le coût écologique de toutes les manifestations royales n’est plus à prouver. Sans compter un train de vie plutôt polluant : chasse, vacances d’hiver au ski… Peut-être qu’une arrivée sur le trône de Charles III lui permettra de challenger encore plus son engagement ? De là à porter une couronne en bois raisonné et un costume en chanvre, il n’y a qu’un pas !