« Je suis enceinte ». C’est une petite phrase pourtant, mais elle donne le vertige. Trois mots qui font basculer toute une vie. Comment réagir ? Que dire ? Comment se montrer présent au maximum alors que son corps à soi ne changera pas. Quel père être ? Quelle place occuper ? Toutes ces questions, qui assaillent les futurs papas au moment de l’annonce, défilent à toute allure dans la tête d’Adrien. Le jeune trentenaire, héro du roman “Aménorrhée” de Marc-Arthur Gauthey.
Quelle place pour les futurs papas dans la société actuelle ?
L’écrivain au passé et au présent d’entrepreneur donne une place de choix à la figure de la paternité dans ses romans. C’est son voyage autour du monde qui a été interrompu par la nouvelle. « Je me suis rendu compte, quand j’ai appris avec bonheur que j’allais être papa, qu’il n’existait pas beaucoup de livres ou de documents sur la paternité. Ou des choses très clichés. J’ai donc voulu écrire dessus. J’ai hésité entre un essai et un roman, puis je me suis dit qu’on arriverait mieux à s’identifier aux personnages », explique-t-il.
Le personnage du livre, Adrien, cadre dynamique dans l’administration française est dans le même désarroi. Il apprend donc, progressivement, à trouver sa place de père. Aux côtés de sa compagne Lucia, d’abord.
« Je pense qu’on peut atteindre l’égalité des genres, non pas en augmentant les responsabilités des femmes, mais plutôt en rééquilibrant les rôles attribués. Plus un homme est impliqué, plus la charge mentale diminue pour les femmes. Et cela se vérifie beaucoup pendant la grossesse. Le corps de la femme change et son suivi prend une dimension médicale. Il est assez facile pour le père de ne pas s’en préoccuper. Or, c’est dès ce moment-là qu’il faut jouer », estime l’auteur.
Quel papa vais-je être ?
Adrien en apprend aussi beaucoup sur tout le vocabulaire autour de la grossesse. Semaines d’aménorrhée, épisiotomie, maternité, césarienne, listériose… « J’avais envie de raconter le fait qu’on est une génération qui s’implique de plus en plus dans notre rôle de père. Parce qu’on en a envie, parce que la société change. Pourtant, on se rend compte que même quand on veut des enfants, rien ne nous y prépare vraiment. Si on n’outille pas les futurs papas dans ce rôle, on ne peut pas faire bouger les lignes », explique-t-il.
Pour Marc-Arthur, ce n’est pas une fatalité. « Il faut faire une petite place au père, s’adresser au père dans tout le processus. Cela doit venir du corps médical mais aussi au père lui-même qui doit redoubler d’efforts pour être présent à tous les rendez-vous, pas seulement accompagner la mère mais être proactif dans la vie de son futur enfant. La relation se crée in utero, la responsabilité aussi. »
“Aménorrhée”, de Marc-Arthur Gauthey, éditions Rémanence.