AirZen Radio l’a croisé dans les rues de Los Angeles, habillé d’une combinaison d’un drôle de genre : un vêtement composé de déchets.
Pendant 30 jours, Robin Greenfield – un activiste américain du climat, habitué des campagnes chocs – a consommé comme un Américain moyen et a stocké ses déchets et emballages dans des sacs plastique accrochés à sa tenue. Objectif : sensibiliser à la gestion et à la réduction des déchets.
AirZen Radio. Pourquoi avez-vous décidé de mener une telle action ?
Rob Greenfield. Pour la plupart d’entre nous, nos déchets sont invisibles une fois jetés. Et donc, inexistants. Moi, j’avais envie de créer un effet visuel marquant et permettre aux gens de voir la vérité derrière le consumérisme, et de se demander : “Est-ce que moi aussi je consomme autant ?”
Pourquoi le faire à Los Angeles alors que vous vivez en Caroline du Nord ?
J’ai choisi Los Angeles car c’est l’une des capitales de la consommation. Ce n’est pas juste un endroit qui exploite des ressources de façon déraisonnée, c’est aussi un endroit qui diffuse la culture à travers les États-Unis et le monde. C’est ici qu’il y a tous les médias qui partagent cette idée du rêve américain basé sur la surconsommation pour être heureux. Ce que je fais, c’est influencer positivement cette culture.
Quelles ont été les réactions sur votre passage ?
Vous savez, ça a été un vrai challenge : porter sur le dos 30 kilos de déchets, c’est-à-dire à peine la moitié de ce que consomme chaque mois un citoyen américain – ce n’est pas évident.
Ce qui me motivait, c’était avant tout les réactions des gens. Il y avait beaucoup de surprise, des gens venaient me voir et me demandaient ce que je faisais. Je répondais simplement : je vis comme un consommateur américain moyen et je porte sur moi mes déchets. Cette curiosité qui intrigue se transformait en choc et ils disaient : “Wow, tu es un miroir de moi en fait, tu es ce que je consomme au quotidien !”. Et ça a amené à une vraie réflexion pour eux.
Que faire alors pour réduire au maximum nos déchets ?
En priorité, j’inviterai à faire du compost ! Il y a un dicton en permaculture selon lequel « un déchet est une ressource mal utilisée ». Une autre solution est d’éviter tout ce qui est à usage unique. Quand on achète quelque chose, autant choisir un objet de qualité qui durera plutôt que la même chose plusieurs fois.
On peut aussi consommer local et pas des produits qui traversent le monde entier pour arriver jusqu’à nous. Au niveau de la mobilité, il faut au maximum rouler à vélo, marcher ou prendre les transports en commun et se détacher progressivement des énergies fossiles. Et le plus important : se connecter aux gens qui nous entourent, s’entraider. Nous sommes forts quand nous sommes ensemble.
Je pense que le changement par le positif est possible et je suis persuadé que nous devons reprendre le pouvoir sur nos vies et nos choix. Nous devons avoir le courage de dire aux grandes entreprises que nous ne voulons plus de leurs produits suremballés et ultra-transformés.
Robin Greenfield n’en est pas à son coup d’essai. Il mène régulièrement des campagnes chocs pour sensibiliser à la résilience. Il a lancé propre plateforme de communication et reverse l’argent qu’il récolte à des associations engagées dans la préservation du climat ou l’aide humanitaire.
Surnommé “le Robin des bois d’Amérique”, par certains médias français, il s’est lancé dans cette bataille en 2011, après avoir lui-même pris conscience de l’impact de son mode de vie.