Olivier Munos et Benoit Saintoyant, associés dirigeants de Terre d’Arjoux, se sont installés il y a deux ans à 50 minutes de Lyon, pour élever des cochons. Un changement de vie radical après des carrières d’ingénieurs agronomes d’une quinzaine d’années, dans les secteurs de l’eau et du développement environnement énergies renouvelables à l’internationale. Un intérêt, certes déjà présent pour la nature, mais des vies bien éloignées du monde agricole, sans aucune attache familiale ni expérience en la matière.
L’idée commence pourtant à infuser en 2018. “On a voulu retrouver un peu de sens à notre activité, donc on s’est orienté vers l’agriculture, avec la volonté de pouvoir produire et de vendre”, raconte Olivier Munos. Le plus difficile : trouver une ferme. Celle qui coche le plus de cases les attend finalement à Saint-Julien-sur-Bibost, dans le Rhône, avec une forte volonté de la mairie d’installer une nouvelle activité sur un site agricole bovin viande.
Les journées ne se ressemblent pas
“Créer une exploitation agricole, c’est un peu comme un effort physique un peu long. On est parti d’horaires plutôt définis, de conditions plutôt confortables dans nos anciens métiers, majoritairement derrière un bureau, au travail du vivant à l’extérieur. Ce sont des métiers essentiellement empiriques. On peut avoir des connaissances théoriques mais on en apprend tous les jours et c’est la partie la plus intéressante du métier, qui fait que les journées, bien que très longues, ne se ressemblent pas. C’est un gros avantage en comparaison de ce qu’on avait avec nos professions précédentes où on avait l’impression d’avoir fait un peu le tour et on n’en comprenait plus l’intérêt.”
Leur ferme, Terra d’Arjoux, produit du porc et du vin d’ici trois ans. Quelques 200 cochons – du petit porcelet à des gros costauds de 150 kg – sont ici élevés en plein air et en bio, gambadant sur plus de 24 hectares. Les produits transformés sans nitrites et sans additifs, “le plus naturellement possible”. Une partie est vendue auprès de consommateurs finaux via marchés, Amap, Comités d’entreprise…, une autre via des épiceries.
Anticiper le réchauffement
Le tout en élevage dit “extensif”. “On essaie d’avoir des pratiques qui ont un impact limité au niveau environnement”. Il s’agit aussi d’effectuer des rotations de terrain avec les cochons et les cultures, pour limiter les concentrations d’azote qui terminent dans les nappes phréatiques.
Par ailleurs, Olivier Munos et Benoit Saintoyant pratiquent l’agroforesterie. En octobre, quelque 2000 arbres et 300 mètres linéaires de haies seront plantés, afin de diversifier l’alimentation des cochons : des châtaigniers, chênes glands, des pruniers… et ainsi leur permettre de retrouver leur caractère naturel, “qu’ils puissent prélever ce dont ils ont besoin au sol et pas seulement ce qu’on amène le matin dans leur auge”.
L’objectif est aussi de regagner des îlots d’humidité et de l’ombrage pour les animaux, ce qui permet de créer des micro écosystèmes en bas de chaque arbre. L’autre enjeu dans le fait de planter des arbres, est d’intégrer des essences qui correspondront au climat de ces 30 prochaines années, plus adaptées au changement climatique.