Les fascias, ce sont ces membranes de tissus, comme les tendons ou les ligaments, qui enveloppent l’ensemble des structures de notre corps. Elles sont présentes partout, dans notre boite crânienne, dans nos orteils, autour de nos organes, dans nos organes digestifs. Elles occupent 25 à 30% du volume de notre corps, ce qui relie tous nos composants, nos organes, nos os, nos muscles. Un tissu que l’on connait depuis toujours, mais qu’on a redécouvert grâce à l’apparition des nouvelles méthodes d’imageries en direct et du travail du docteur Jean-Claude Guimberteau.
“On voit quelque chose d’éminemment vivant”, relate Ronan Lopinet. “C’est un tissu qui se caractérise par sa plasticité, sa grande adaptabilité, qui se modifie en permanence, produit de l’acide hyaluronique. La régénération tissulaire passe par la mise en mouvement du fascia et puis, pour nous, c’est l’organe qui vient réconcilier le corps et la pensée, parce qu’il est très innervé, participe à la proprioception, l’intéroception, c’est-à-dire la façon dont je perçois mon corps. Les informations montent au cerveau via ce tissu”. Lorsque l’on est victime de stress, de traumatismes, de mauvaises positions, il va se contracter. C’est alors qu’intervient le fasciathérapeute, pour lui rendre sa plasticité.
Si de l’extérieur, la fasciathérapie ne se caractérise pas par des manipulations, comme on en a l’habitude avec l’ostéopathie, elle nécessite la participation du patient, dans la conscience en tout ça. “Il ne va pas forcément se mettre en mouvement, mais il est présent. Ce qu’on va toucher dans le corps, c’est un élan de vie, une force d’autorégulation du vivant, mais dans le tissu. On touche ça dans la matière. C’est en cela qu’on vient de l’ostéopathie tissulaire ou liquidienne. On pousse la matière, on l’accompagne, on la contacte. Nous ne sommes pas au niveau énergétique. Il y a aussi une plasticité cérébrale qui se met en œuvre. Quand on est modifié en soi, on est modifié dans toute sa personne, dans son tonus psychique aussi”, précise Ronan Lopinet. C’est en cela que la fasciathérapie dépasse le champ des thérapies qui vont s’attaquer aux douleurs physiques. “On parle de somatopsychique. On s’adresse à la personne par le corps mais aussi via la dimension psychologique, émotionnelle”.
“Quand on retrouve son corps c’est comme si on retrouvait un vieux copain. Il y a un dissociation dans nos vies trépidantes. Le corps est laissé à la traine ou alors utilisé comme une machine, un véhicule. On lui demande toujours des choses et quand il ne répond pas de façon satisfaisante, on lui en veut. On a une relation parfois conflictuelle avec lui. Chacun a une relation particulière avec son propre corps qui est singulière. C’est là-dessus qu’on va travailler. On va essayer d’améliorer la relation avec son corps, à travers le touché, à travers le mouvement”. Non pas par des manipulations donc, mais par un toucher à la fois profond mais doux. Le corps va être mis en mouvement avec beaucoup de douceur de lenteur.
Une grande détente
Une rencontre avec la discipline qui remonte aux années 90, alors qu’il teste une séance de thérapie manuelle crânienne. “Immédiatement, en une séance, je n’ai plus vu les choses de la même façon. Je me suis dit “je veux faire ça, c’est trop bon, trop puissant !” C’est une expérience qui nous fait voir la vie autrement. II n’y a qu’en faisant des expériences que l’on peut changer. Que ce soit pour une souffrance physique ou psychique. Ce sont des expériences de vie qui nous emmènent à dépasser ces états de douleur”.
Après une séance de fasciathérapie, on ressent d’abord une grande détente, selon Ronan Lopinet. On retrouve du confort dans son corps, un bonheur à l’habiter, à être présent, à retrouver cet allié comme un partenaire, une ressource. On remet les compteurs à zéro au niveau du stress. La fasciathérapie fait partie des thérapies non médicamenteuses qui peuvent accompagner en parallèle d’une thérapie plus lourde.