On range les sacs de plage pour laisser place aux cartables. La fin août marque la fin des vacances et le retour des élèves dans les salles de classe. Depuis un an, Laurence Roque-Barret exerce en libéral en tant que psychologue pour enfants et adolescents. Auparavant, elle était psychologue de l’Éducation nationale, anciennement appelé psychologue de scolaire. Elle nous partage ses conseils pour que cette étape se déroule dans les meilleures conditions.
AirZen Radio. La rentrée scolaire approche. Ce moment ne se vit pas de la même façon pour tous…
Laurence Roque-Barret. Oui, en effet. Un enfant qui est déjà familier à l’environnement scolaire se trouvera peut-être un peu moins stressé que celui qui fait sa première rentrée à l’école, comme en petite section où tout est nouveau. L’enfant découvre un nouvel environnement. Le stress, aussi bien chez les parents, est peut-être plus important que chez les grands.
Vous avez travaillé longtemps dans l’Éducation nationale, notamment en maternelle. Quels conseils donniez-vous aux parents ?
Déjà, selon moi la rentre scolaire se prépare toute l’année. Les parents ont un rôle fondamental à jouer dans la manière dont leur enfant va investir l’école. Chez les petits, ça va être en stimulant leur langage, leur curiosité pour leur environnement proche. Pour les plus grands, c’est aussi d’attiser leur curiosité, mais pour le monde en général, les aider à accepter un cadre de règles qui vont constituer des repères et favoriser l’adaptation scolaire. Les parents vont aussi pouvoir aider leurs enfants en développant leurs relations extra-familiales, en privilégiant l’ouverture vers les autres.
Est-ce qu’il y a des techniques à utiliser en fonction de la tranche d’âge ?
Pour les plus petits, de façon très pragmatique, il est important qu’ils aient pu visiter l’école, la classe et voir les maîtres et maîtresses. Souvent, les établissements proposent ce temps-là en juin ou à la rentrée. C’est une bonne préparation. Pour les parents, il est aussi important qu’ils prennent le temps d’expliquer le sens de l’école, les attentes, leur dire en quoi l’école va leur apprendre à grandir.
Puis, il y a la question de la séparation. Les parents aussi doivent s’y préparer parce que, souvent, quand ils sont anxieux et stressés, les enfants reprennent ces émotions à leur compte. Il peut arriver que la rentrée scolaire réactive chez les adultes des souvenirs de séparation, parfois des blessures. Je conseille donc aux parents de parler à leur enfant de ce qui a été difficile pour eux durant ce moment, mais en disant à leur enfant que pour eux tout va bien se passer.
Quelles choses peuvent être mises en place avant la rentrée scolaire ?
Il est important d’établir une routine quotidienne deux semaines avant la rentrée, pour remettre en place un cadre temporel plus structuré. C’est-à-dire avec des heures de coucher et de lever plus régulières. Ainsi, l’enfant s’ajustera plus facilement à son rythme scolaire. D’ailleurs, je rappelle qu’il leur faut un temps de sommeil suffisamment long, entre 10 et 13 heures, pour les plus jeunes jusqu’à 6 ans. Jusqu’à 11 ans, entre 9 et 11 heures. Puis, il faut aussi reprendre les repas équilibrés à heure fixe, proposer des activités calmes pour les réhabituer à se concentrer. Enfin, surtout, il faut commencer à limiter les écrans
Justement, qu’est-ce qui est préconisé en matière d’écrans ?
Entre 3 et 6 ans, on évite de passer plus d’une heure par jour sur les écrans. Les enfants ont besoin que leurs capacités sensorielle et manuelle soient stimulées. Il faut les rendre actifs. Après 6 ans, pas plus de 1h30 par jour. Il faut rappeler que les écrans sont des stimulants, ils attirent le plaisir. Il est donc plus difficile de se concentrer sur des activités plus contraignantes, dont le plaisir sera moins immédiat. L’écran va empiéter sur les capacités d’attention et de concentration ainsi que sur la motivation de l’enfant lors des activités scolaires.
Finalement, certes, on peut ressentir du stress à l’approche de la rentrée scolaire, mais en général tout se passe bien…
Oui, en général, les rentrées se passent plutôt bien. Alors, parfois, il y a des pleurs et des réticences, et c’est normal. Il faut l’accepter. Au niveau des parents, il faut écouter et offrir un soutien émotionnel aux enfants, les rassurer sur les aspects positifs de l’école. Il faut toujours veiller à accueillir les émotions positives sans vouloir les éliminer. Dites plutôt : « Je comprends que tu aies peur, on va en discuter » au lieu de « ne t’en fais pas, tout va bien se passer ». De cette façon, on va stopper l’expression de ses émotions et de les éprouver. S’il ne veut pas en parler, on peut lui proposer de dessiner.
