Et si nous aidions les jeunes à accéder à l’information pour renforcer leur estime de soi ? Anne Cordier, chercheuse en sciences de l’information à l’université de Lorraine et autrice du livre “Les pratiques informationnelles des enfants adolescents et jeunes adultes” (éditions C et F), partage son point de vue.
AirZen Radio. Pourquoi le rôle des adultes est-il si important dans la relation entre les jeunes et l’information ?
Anne Cordier. Les adultes imposent souvent “leurs informations” aux enfants au lieu de les questionner sur ce qu’ils ont vu et ce qui les intéresse actuellement. La grille de lecture des adultes est pesante et incompréhensible, ce qui limite l’expression des enfants.
Pourquoi parlez-vous de culpabilisation dans l’éducation aux médias ?
Souvent, l’éducation aux médias se base sur la rectification imposée par les adultes, en se concentrant sur les normes qu’ils veulent établir. Cela crée également une approche basée sur les dangers, où les adultes fantasment sur les pratiques des adolescents. On parle de désinformation, de fausses informations, de tromperies. Cela ne favorise pas la confiance en soi ni dans les médias et ne suscite pas nécessairement l’envie de s’informer.
Est-ce cela qui engendre la peur de mal s’informer ?
Oui, à force de répéter aux jeunes “tu ne sais pas tout, on te manipule”, ils se disent que c’est trop compliqué et abandonnent. Lorsqu’on a l’impression de ne pas maîtriser quelque chose, on a tendance à abandonner.