Andaine Seguin-Orlando est maîtresse de conférences à l’université Toulouse III et chercheuse au Centre d’anthropobiologie et de génomique de Toulouse. Cette scientifique vient de recevoir une prestigieuse subvention de près de 1,5 million d’euros. Cette somme servira à soutenir son projet fascinant, AnthropYXX, afin de répondre à la question : y avait-il des inégalités entre hommes et femmes à la préhistoire ?
À travers ce projet, Andaine Seguin-Orlando se lance dans une quête passionnante pour comprendre la vie des femmes et des hommes du passé. AnthropYXX s’appuie sur des analyses d’ADN anciens, associées à des données archéologiques, anthropologiques et isotopiques. L’objectif est de reconstituer la vie quotidienne des individus préhistoriques et de déterminer dans quelle mesure les inégalités de genre ont influencé les sociétés pré et protohistoriques.
Les défis de l’archéologie du genre
Dans les sociétés contemporaines, les inégalités de genre peuvent être évaluées à travers divers indicateurs dans les domaines de l’économie, de l’éducation et de la santé. Cependant, ces marqueurs ne sont pas directement accessibles pour les personnes du passé. De plus, identifier le genre en tant qu’expression d’une norme sociale peut s’avérer complexe. Le projet AnthropYXX vise donc à exploiter les innovations en paléogénomique (science qui étudie l’ADN ancien pour comprendre les évolutions humaines) afin d’enrichir l’arsenal des outils utilisés en archéologie du genre.
Le projet d’Andaine Seguin-Orlando soulève une multitude de questions fascinantes. Comment vivaient les femmes de la préhistoire ? Leur état de santé était-il moins bon que celui des hommes ? Étaient-elles soumises à des niveaux de stress particuliers ? Se déplaçaient-elles davantage que les hommes ? Combien d’enfants avaient-elles et avec qui ? À quel âge les enfants étaient-ils différenciés selon leur sexe ? Les transitions culturelles durant la préhistoire ont-elles exacerbé ou atténué les inégalités de genre ? Ces interrogations trouveront des réponses grâce à ce projet d’envergure.
Un financement de grande ampleur
La bourse Starting Grant du Conseil européen de la recherche récompense l’excellence scientifique et encourage les jeunes chercheurs à mener des projets ambitieux et exploratoires. Le projet AnthropYXX permettra ainsi de recruter cinq collaborateurs. Parmi lesquels des étudiants en thèse, des chercheurs postdoctoraux et des ingénieurs assistants, pour analyser des centaines de données d’individus du passé.
Ainsi, AnthropYXX promet d’apporter un nouvel éclairage sur le mode de vie des femmes et des hommes du passé, et peut-être même sur la manière dont les inégalités de genre ont façonné les sociétés pré et protohistoriques. Les réponses à ces questions profondes permettront certainement de mieux comprendre notre histoire et, possiblement, de progresser vers l’égalité des genres.