Et s’il suffisait de méditer un peu pour mieux vieillir ? C’est en tout cas la piste explorée par une toute récente étude, à paraître prochainement dans la très sérieuse revue “Jama Neurology”. Elle se penche sur les bienfaits de méditation chez les seniors.
Dans le cadre de ce programme baptisé Medit-Ageing, des chercheurs de l’Inserm et de l’université de Caen Normandie ont étudié la méditation. Et ce comme outil de prévention des démences et d’amélioration de la santé mentale.
Méditation chez les seniors : quels impacts significatifs ?
Ils ont pour cela étudié pendant 18 mois plus de 130 patients de plus de 65 ans, sans pathologie connue. Ces patients ont été divisés en trois groupes. Objectif : comparer l’éventuel bénéfice de la méditation par rapport à différents types d’interventions. Le premier groupe a suivi chaque semaine un cours de deux heures de médiation en pleine conscience. Le second groupe, dit de « contrôle actif », a suivi une période d’apprentissage de l’anglais. Le troisième groupe, dit de « contrôle passif », ne suivait aucune intervention.
Leurs résultats témoignent d’un impact positif sur les capacités de régulation attentionnelles et socio-émotionnelles. « Cela veut dire que nous avons réussi à prouver que, sur un temps donné et avec ce nombre de patients, la méditation permet de prévenir, par exemple, les rechutes de dépression ou améliore les interactions sociales », explique Gaël Chételat, directrice de recherche à l’Inserm en charge de l’étude. Elle précise que ces observations sont auto-évaluées par les participants.
Méditation chez les seniors : quelles limites ?
L’étude de l’Inserm ne montre néanmoins pas de bénéfices significatifs de la méditation sur le volume et le fonctionnement des structures cérébrales étudiées. En l’occurrence, l’insula et le cortex.
De récents travaux ont pourtant rapporté que l’insula et le cortex cingulaire antérieur seraient des régions du cerveau spécifiquement sensibles à l’entraînement à la méditation. Chez les jeunes adultes, la méditation a déjà montré sa capacité à modifier fonctionnellement ces structures. En particulier chez ceux que l’on appelle les « experts méditants », qui ont plusieurs milliers d’heures de pratique.
« Notre étude n’a pas obtenu de résultats significatifs sur ce sujet-là », explique la directrice de recherche. Pour autant, on sait que l’insula et le cortex cingulaire antérieur sont spécialement sensibles au vieillissement. On pourrait donc imaginer, si l’étude « fait des petits », que l’on parvienne à prouver que la méditation permette de préserver les structures et fonctions cérébrales. « Il faudra pour cela travailler sur un temps plus long et avec plus de patients », ajoute Gaël Chételat.
Des espoirs pour le mieux vieillir
Est-ce à dire que l’on peut, pour l’instant, conseiller la méditation chez les personnes âgées pour améliorer leur bien-être mental ? « Nous manquons de données concernant la méditation par rapport à l’activité physique, les stimulations cognitives ou encore l’activité physique. Mais on peut se dire qu’elle peut être bénéfique sur de nombreux aspects », répond Gaël Chételat.
On peut néanmoins en conclure qu’un entraînement mental ciblant la régulation du stress et de l’attention – comme par exemple la méditation en pleine conscience – s’est révélé être un outil bénéfique dans la gestion des aspects cognitifs et émotionnels propres au vieillissement.