La nature ne produit aucun déchet. Et pourtant, la planète est submergée par la pollution humaine. Que ce soit l’utilisation très importante d’objets en plastique, la fabrication d’objets du quotidien pour un usage unique, la production de déchets par l’homme ne cesse de s’intensifier.
Au cours des deux derniers siècles, nous n’avons jamais autant de produit de déchets. Cette pollution est une conséquence de l’action humaine. Chacun en est donc responsable.
Un problème de taille
La première partie de l’exposition “Apogée des déchets”, présentée à la Cité des sciences et de l’industrie, permet de mettre en avant les rouages de la production de masse et le consumérisme. Le public y découvre les effets de la surconsommation, du plastique et donc des déchets qui en découlent.
D’une durée de vie d’au moins 450 ans, le plastique est l’une des principales sources de pollution au monde. Sur les 359 millions de tonnes de plastique produits chaque année dans le monde, 40% ne sont utilisés qu’une seule fois. Cela s’explique par le fait que les produits sont conçus pour faciliter le quotidien et réduire la charge des tâches domestiques. C’est le cas, par exemple, des gobelets, des couverts ou des couches jetables, plus faciles à remplacer qu’à nettoyer. Une grande partie du plastique est par ailleurs rejetée dans les océans. Il est ensuite ingéré par les poissons et les oiseaux de mer.
Le potentiel des déchets : comment les revaloriser ?
Chaque année, les excès de l’économie du tout jetable génèrent d’énormes quantités de déchets. 90% des matières premières utilisées dans la fabrication d’objets deviennent des déchets. Environ 80% des objets sont jetés au cours des six premières mois, avant même de quitter l’usine. Cette deuxième partie de l’exposition conduit les visiteurs à porter un regard différent sur les déchets. Elle explore les pistes pour faire évoluer notre mode vie actuel.
À travers de nombreux projets, les designers révèlent la valeur de certains types de déchets. En changeant le regard sur leur apparence et leur utilisation, ils démontrent que les matériaux recyclés sont de précieuses ressources. Designers et architectes proposent aujourd’hui des objets réutilisés, réparés ou adaptés à ce que nous avons déjà. Cette conception des déchets participe à la lutte contre ce désir de consommation, profondément ancré dans les esprits.
Dans la troisième partie, le public découvre comment des créateurs visionnaires anticipent la fin de vie d’un produit. Et cela dès le stade de sa conception. Le but est de le rendre plus durable et plus facile à réparer et à recycler. Grâce à leurs travaux reposant sur l’exploitation des matériaux comme le mycélium, les balles de riz ou encore les déchets agricoles, il est désormais possible de se projeter dans un futur où les ressources seraient gérées à long terme et les déchets disparaîtraient.
Une scénographie éco-conçue
La façade de l’exposition est construite avec une structure métallique utilisée par la Cité des sciences et de l’industrie depuis 1986. Ce mur est rempli sur la partie extérieure de galettes de déchets métalliques compressés, tandis que la façade intérieure est recouverte de panneaux de bois récupérés.
Le but de “Précieux déchets” est aussi de développer une exposition à faible empreinte carbone. Les objets exposés voyagent uniquement par voie maritime et terrestre. Toute la scénographie de l’exposition a été conçue suivant la démarche de l’économie circulaire. “Tous les mobiliers sur lesquels les objets sont présentés sont construits à partir de portes de bureaux récupérées dans des chantiers de démolition à Paris et en proche banlieue. Au démontage de l’exposition, ces portes serviront aux expositions futures ou repartiront dans leur circuit de recyclage”, explique Dorothée Vatinel, commissaire d’exposition.