Cette bonne résolution devrait avoir un réel impact sur la planète. Au début du mois de janvier 2023, l’assurance mutualiste MAIF a annoncé la création d’un « dividende écologique ». Dans la même journée, le Crédit Mutuel lui a emboîté le pas.
Concrètement, 10% de ses bénéfices annuels seront reversés à des projets de solidarité climatique et de régénération de la biodiversité.
Qu’est-ce qu’un « dividende écologique » ?
L’année 2022 a été une année très coûteuse sur le plan environnemental : sécheresse, inondations, crues. Au premier semestre 2022, de janvier à août, les événements climatiques ont engendré environ 1,4 million de sinistres et plusieurs milliers de communes ont été déclarées en état de catastrophe naturelle. Cela a représenté 5,4 milliards d’euros d’indemnisation selon France Assureurs, la fédération française de l’assurance.
Pour Yves Pellicier, président du groupe MAIF, il était donc aussi urgent qu’intelligent d’agir en amont avec ce dividende écologique. Et ce, « pour limiter le coût financier, le coût environnemental mais aussi le coût du traumatisme lié à ces sinistres », explique-t-il.
Raison pour laquelle, début janvier 2023, les sociétaires ont reçu dans leurs boîtes mail une annonce exceptionnelle : la création d’un dividende écologique. Sur l’argent cotisé chaque année, 10% sera réservé pour la planète. « Nous aiderons à réhabiliter les zones humides, les cours d’eau et les faunes et flores alentours. Nous travaillerons aussi à la revégétalisassions », ajoute Yves Pellicier.
Une démarche en lien avec l’économie sociale et solidaire
L’aide se concrétisera aussi auprès des sociétaires. La MAIF « proposera un bouquet de services de prévention. Comme la mise en place de mesures barrières anti-inondations, de l’aide au diagnostic énergétique, par exemple ».
La MAIF, assurance auto et habitation mutualiste, fait partie de l’économie sociale et solidaire. Elle n’a donc pas d’actionnaire à rémunérer sous forme de dividendes. Tout est ici immédiatement réinvesti et les seuls à qui la MAIF doit rendre des comptes sont les sociétaires… ou presque.
« Avec cette décision, nous avons un nouvel actionnaire : la planète », nuance Yves Pellicier. Dans ce cas, il va aussi falloir rendre compte de l’efficacité d’un tel dispositif. « C’est prévu, nous tirerons un bilan tous les ans de nos actions. Certaines, notamment sur l’accompagnement des sociétaires, se mesurent facilement. Les actions pour la biodiversité, quant à elle seront à évaluer, à moyen et long terme », précise Yves Pellicier. Il promet néanmoins une information régulière auprès des assurés.
Un exemple pour d’autres entreprises ?
MAIF est le 6e assureur automobile et habitation, et le premier du secteur associatif. Selon Yves Pellicier, l’objectif d’une telle démarche est aussi d’inspirer d’autres entreprises. « Aujourd’hui, nous n’avons plus le choix. Réduire l’empreinte carbone de sa société et une bonne chose. Mais il faut aller plus loin et investir directement sur le climat », assure-t-il.
Pour l’heure, seul le Crédit Mutuel a annoncé la création d’un outil similaire. Appelé le dividende sociétal, 15% des bénéfices sont dans ce cas réinvestis pour le climat. D’autres entreprises, en France comme à l’étranger, ont opté pour la création de fondations à impact. C’est le cas de la multinationale Patagonia ou encore du groupe français Léa Nature.
Selon une analyse de l’économiste Jean Pisani-Ferry, il faudrait 100 milliards d’euros pour financer la transition écologique. Si 200 entreprises se mettaient à imiter ce dividende de troisième type lancé par les mutualistes, l’objectif serait atteint. Un dividende similaire mis en place par TotalEnergies permettrait, par exemple, d’investir près de 3 milliards d’euros pour le climat.