L’association Journée Nationale de l’Audition (JNA) fait de la prévention depuis 26 ans pour informer et sensibiliser le public aux risques auditifs. En partenariat avec l’institut de sondages IFOP, la structure s’est intéressée à la santé auditive des jeunes de moins de 10 ans. De ces résultats, un élément a attiré l’attention de Jean-Luc Puel, président de la JNA et directeur de recherches à l’Inserm. “40% de ces enfants ont des pratiques d’écoute de musique, TV ou de jeux au casque et avec des écouteurs. Et ce, entre une et quatre heures par jour. Ce sont des choses un peu nouvelles et inquiétantes”, déplore-t-il.
Il compare ces résultats à ceux d’une précédente enquête. Elle avait révélé que près de 100% des adolescents avec des smartphones écoutaient de la musique à longueur de temps. “On s’en était inquiété, déclare Jean-Luc Puel. Et là, il semblerait qu’on ait un petit changement, et que ces pratiques d’écoute commencent à atteindre des enfants de moins de 10 ans. C’est inquiétant.” Et ce pour trois raisons, qu’il détaille :
- “L’oreille d’un enfant est beaucoup plus fragile que celle d’un adulte. Jusqu’à 7 ans, elle est toute neuve. Et un son qui peut être traumatisant, qui n’abîmerait pas l’oreille d’un adulte, peut abîmer celle d’un jeune.”
- “Le conduit auditif d’un enfant est petit. Donc si on y met un écouteur près d’un tympan, l’énergie acoustique va être plus concentrée. Finalement, le niveau sonore est plus important.”
- “Enfin, quand un enfant a des écouteurs ou un casque, le parent n’a pas connaissance du volume sonore.”
Le directeur de recherches à l’Inserm recommande donc une heure par jour d’écoute pour les enfants sous la vigilance des parents.
Prévention auditive
En parallèle, concernant la prévention, il les invite à éviter les endroits bruyants, comme les hangars de jeux, les piscines, les concerts. Sinon, mieux vaut se protéger les oreilles avec des bouchons ou un casque anti-bruit.
Car « nous avons un capital son, comme nous avons un capital soleil. C’est-à-dire que, si on s’expose trop longtemps, la peau vieillira prématurément. Avec le son, c’est pareil. Si on absorbe trop de son pendant la jeunesse, on entame ce capital. Les problèmes viendront à 40 ans et non à 60 ans », précise-t-il. Aussi, il y a un lien entre l’intensité du son et le niveau d’exposition.
L’importance de l’audition
Par ailleurs, s’il y a des précautions à prendre pour le bon fonctionnement de son oreille, c’est parce qu’une mauvaise audition « peut entraîner un retard de langage, d’apprentissage. Aussi, le comportement va être affecté. Ça, c’est quand on a des problèmes d’audition au moment du développement du langage, précise le président de la JNA. Dans le cas où un enfant a une surdité légère qui n’est pas dépistée tôt, en classe, l’enfant devra être plus attentif que les autres. Ça va lui créer de la fatigue, de la nervosité des troubles du sommeil. »
D’où l’importance du dépistage qui peut se faire chez son médecin généraliste, un audioprothésiste ou à l’occasion d’une consultation chez un ORL.
