Des nuages blancs dessinés au crayon bleu entourent cette phrase écrite en lettres capitales : « MERCI DE NE PAS CARESSER LES NUAGES ». Ce jeu visuel, c’est l’une des créations que l’on peut voir sur le compte Instagram, Crottins verbaux, d’Hadrien. Un nom original que porte aussi son site internet. « Il m’est venu quand j’étais encore étais étudiant. Je n’assumais pas d’écrire auprès de mes camarades. Je ne voulais pas qu’on me prenne au sérieux. Même si, aujourd’hui, c’est plus difficile à assumer, » s’en amuse-t-il.
C’est aussi pourquoi le trentenaire se présente comme un faux poète : « C’est un peu une manière de voir le monde, comme si j’essayais de revenir à l’enfant que j’étais et de raconter ce que je voyais, justifie Hadrien. Et puis, c’est un moyen de m’émanciper de l’aura des illustres poètes qu’on a dans la littérature française qu’il est impossible de comparer. »
Démocratiser la poésie
Sur son compte Instagram, suivi par plus de 74 000 personnes, on y découvre des courts poèmes, des jeux visuels avec les mots et les images, des pensées, des dialogues… Différentes formes de poésie. D’ailleurs, le faux poète la décrit comme « faite pour apprivoiser ses émotions, pour mieux comprendre ce qui se passe en nous et les autres. Pour moi, l’intérêt du poète ce n’est pas d’écrire ce qu’il voit mais ce qu’il ressent, d’écrire ce que l’on vit. Ça permet de se connecter les uns autres. »
Pour cela, Hadrien a un univers enfantin que ce soit au niveau de l’écriture, qui ressemble à un enfant en plein apprentissage de la lecture, aux dessins crayonnés et au nom des collections de ses créations : « Exercices », « Gribouillages ». « Pour moi, c’est comme un retour en arrière. Être dans une démarche avec des dessins et des mots simples ça rend plus accessible. Parfois, je trouve que la poésie a une image élitiste et de niche », dit-il.
Une poésie mélancolique
Ses inspirations ? « C’est ce qui me vient sur le moment. Mais les gens décrivent mon travail comme plutôt mélancolique avec une vision d’enfant désenchanté, naïf. Un jour, Victor Hugo a dit : “La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. C’est l’entre-deux dans lequel j’essaie de me situer”. »
Par ailleurs, bien qu’intéressé par l’écriture et la lecture, cet attrait pour la poésie lui est venu à l’âge adulte. C’est là que le créateur de Crottins Verbaux s’est mis à en lire : « J’étais confronté à ce moment-là à une réalité trop concrète et dure parfois. J’avais besoin d’y mettre de l’émerveillement, de l’émotion dans ce que je vivais. »
