“La vigne est une liane. Elle co-évolue avec l’arbre depuis des millénaires. Ils ne sont pas concurrents”, explique Benoît Vinet, paysan vigneron au domaine Emile Grelier à Lapouyade, en Gironde, qui fut l’un des premiers à planter des arbres dans ses vignes, aujourd’hui une centaine sur le vignoble. “On n’a rien inventé. On travaille pour retrouver le savoir qu’on a perdu au fil du temps”. La mécanisation a fait disparaître l’arbre des vignes, mais il revient désormais en force.
“L’arbre est un puits à biodiversité”, explique-t-il. Il va attirer tout un tas d’insectes différents, des oiseaux, fournir du relief pour que le terrain de chasse des chauves-souris leur soit plus favorable. Celles-ci sont particulièrement friandes des petits papillons qui viennent manger la vigne la nuit. Reptiles, batraciens… il faut que toute la faune soit présente pour créer un équilibre dans les cultures, éviter qu’elles soient ravagées par un prédateur.
Contre le réchauffement climatique
L’arbre va également permettre aux plantes de moins souffrir de la canicule. La “transpiration des arbres va, en quelque sorte, permettre de climatiser la parcelle”, qui va ainsi mieux résister au réchauffement climatique. C’est aussi un très bon capteur de carbone. Même principe pour l’herbe. Le paysan vigneron ne tond pas, il laisse “les plantes s’exprimer”.
“On fait avec la nature, on se sent vraiment en équilibre”, se réjouit Benoît Vinet, qui pense, pourquoi pas, proposer prochainement une cuvée issue de vendanges dans l’arbre. La recherche est permanente, les expériences toujours renouvelées. Le domaine Emile Grelier a accompagné une dizaine de projets similaires cette année. Ils sont de plus en plus nombreux, dans le Bordelais, près de Paris, dans la Loire. D’illustres noms se lancent également. “Le fait que les grands s’y mettent, c’est une validation de notre démarche.”