Le chroniqueur de France Inter, auteur de spectacle, chanteur de rock et écrivain Guillaume Meurice revient avec son livre “Petit éloge de la médiocrité”, publié aux éditions Les Pérégrines. Un livre très drôle mais aussi très sérieux, dans lequel il repense notre rapport à la performance et insiste sur l’importance du collectif face aux défis climatique et environnemental.
AirZen Radio. Le livre s’appelle « Petit éloge de la médiocrité », mais il aurait tout aussi bien pu s’intituler « Grand hommage au collectif »…
Guillaume Meurice. Mis à part le fait que livre soit sorti dans la collection « petit éloge » des éditions Les Pérégrines, oui, il aurait pu. Car on le voit tous les jours, le monde fonctionne comme ça. Le problème, c’est qu’on nous oblige à l’oublier. Le fait d’entrer en compétition les uns avec les autres, qu’on nous demande d’être plus performant les uns et les autres, etc. Mais on le voit même chez vous, à AirZen Radio : ce sont des gens qui travaillent ensemble, en bonne intelligence, qui œuvre chacun dans un domaine tout en y étant limité et qui s’entraide. La société est basée là-dessus.
J’irai même plus loin : la survie de l’espèce humaine s’est construite beaucoup plus sur la coopération que sur la compétition. Si, lorsqu’il s’agissait d’attaquer un mammouth, les êtres humains s’étaient amusés à choisir le plus malin ou le plus fort pour aller l’affronter, on ne serait plus là depuis longtemps.
D’où vient alors ce culte de la performance ?
Le cerveau humain est comme ça. Il aime bien vivre dans les fictions. En ce moment, et depuis un long moment, on vit dans la fiction des gagnants, de la performance, des héros, des génies. C’est une histoire comme une autre, mais cela ne reste qu’une histoire.
D’autant plus qu’aujourd’hui, on nous parle de « petits gestes », donc on revient encore à l’individu, même lorsqu’il s’agit de sauver la planète. Même si vous coupez l’eau en vous brossant les dents, nous ne nous en sortirons pas comme ça, même les scientifiques sont d’accord là-dessus. Il ne reste que quelques publicitaires pour dire ça. Aujourd’hui, il faut bien être conscient que c’est collectivement que nous devons changer.
“Petit éloge de la médiocrité”, de Guillaume Meurice, éditions Les Pérégrines, 198 pages, 14 euros.