AirZen Radio. Sixtine de Saint-Léger, pouvez-vous nous expliquer qui est Ernest Cognacq ?
Sixtine de Saint-Léger. Ernest Cognacq-Jay a une histoire très romanesque. Il naît sur l’île de Ré et devient orphelin à l’âge de 11 ans. Il parcourt les villes de France comme vendeur et monte à la capitale pour devenir premier vendeur dans les grands magasins, qui sont en plein développement. Ernest Cognacq-Jay connaît la faillite de son premier commerce, mais il rebondit. Plus tard, il devient multimillionnaire en ouvrant la Samaritaine, en 1870, un grand magasin très innovant pour l’époque. Sa compagne, Marie-Louise Jay, était également vendeuse et a beaucoup contribué à la réussite de ce projet.
Quelles sont les particularités des 260 objets de cette exposition ?
Ce sont des petits objets qui, par leur préciosité, révèlent le statut social de leur propriétaire. Ils génèrent aussi un langage codifié : la manière dont vous sortez un objet de votre poche indique vos intentions. Plus l’objet est luxueux, plus il témoigne du prestige de son propriétaire… Frédéric II, par exemple, collectionnait de magnifiques tabatières, comme beaucoup de membres de la famille royale ou de l’aristocratie.
Comment étaient habillés les propriétaires de ces objets ?
Nous avons souhaité faire dialoguer ces objets avec des costumes du XVIIIe. Ils étaient cachés dans les poches des gilets d’homme ou dans les poches des femmes accrochées à la taille par les jupons. Ces objets étaient sortis et montrés en bonne compagnie, dans un jeu de dévoilement. Nous avons, par exemple, une boîte à mouche, dédiée à la toilette des femmes, ou encore une vinaigrette. Les vinaigrettes étaient utiles aux femmes qui portaient des corsets très serrés… Respirer l’odeur de sel contenu dans cet objet leur permettait d’éviter l’évanouissement !