C’est en 1827 que la brasserie Demory ouvre ses portes rue Broca, en plein cœur du cinquième arrondissement de Paris. Le quartier latin est alors le fief des intellectuels français et de la petite bourgeoisie. La bière Demory connait un essor fulgurant. Ses bouteilles sont vendues dans toutes les épiceries de la capitale et sont même évoquées dans des écrits de Simone de Beauvoir.
“À Paris, à ce moment-là, il y avait beaucoup plus de brasseries et d’endroits où l’on pouvait boire des bières. En 1850, un grand renouveau s’est opéré concernant leurs recettes. Elles étaient plus blondes, plus claires, plus appétissantes, par rapport à celles des années 1830. C’est alors que la bière est devenue très populaire à Paris”, explique Kai Lorch, propriétaire de la “nouvelle” brasserie Demory.
Les années 1970, le déclin des brasseries parisiennes
Dans les années 1950, la brasserie Demory subit la concurrence des grands groupes et connaît des difficultés liées à la Seconde Guerre mondiale. “C’est une période caractérisée par de nombreuses avancées au niveau scientifique. La réfrigération artificielle a permis à beaucoup de compétiteurs de venir à Paris. Heineken est arrivée très tôt sur le marché français par exemple, et d’autres brasseries internationales ont pu importer leur bière ici”, souligne Kai Lorch. Selon lui, on passe alors d’environ 3000 brasseries locales à Paris, à une centaine seulement dans les années 1970.
Un logo très français
Cinquante ans après la disparition de Demory, c’est donc Kai qui a repris cette marque tombée dans l’oubli. “Je travaillais dans l’horlogerie suisse. Un jour, je me suis rendu à une foire spécialisée dans les bières à Thionville et j’ai remarqué que certains collectionneurs avaient des étiquettes de la brasserie Demory. Pour un étranger qui aime bien la France, ce logo de déesse qui flotte dans les airs, entourée par des étoiles, c’est vraiment extraordinaire. Il n’y a pas plus français et plus parisien”, confie Kai, originaire d’Allemagne. Cette brasserie est toujours restée dans sa tête, jusqu’à ce qu’il finisse par en devenir le propriétaire en 2009.
Attention à l’abus d’alcool, à consommer avec modération.