Je suis sur le point de terminer le reportage que je suis allée faire dans les jardins de l’école du Breuil lorsque j’aperçois sous un énorme platane des élagueurs. Parmi eux, il y a Christophe vers qui j’ai envie d’aller spontanément.
J’ai toujours été intriguée par les élagueurs, je me suis souvent demandé comment ils se sentent en haut d’un arbre, les capacités qu’il faut avoir mais aussi le lien qu’ils entretiennent avec les arbres.
Lorsque Christophe parle de son métier mais aussi des arbres, il rayonne, lui qui a le cœur aussi grand que les arbres sur lesquels il grimpe.
Travailler pour l’avenir
« Je sensibilise les enfants dans les écoles. Je leur dis souvent qu’avant d’être un zoo la terre était un jardin. Les fossiles d’arbres ont 400 millions d’années. Ils ont traversé le temps, les périodes glaciaires… Ça prouve une capacité de résilience que l’on n’a pas encore tout à fait compris », raconte Christophe. « Le platane dans l’élagage on l’appelle Monsieur Platane », raconte-t-il.
« On nous appelle maintenant les arboristes-élagueurs. Nous ne sommes pas des bûcherons. S’occuper des arbres modifie la temporalité. Les arbres que je plante ce ne sont pas ceux dans lesquels je monterai. On ne travaille pas pour le présent avec les arbres mais pour l’avenir », précise-t-il.
Il se sent en sécurité sur les platanes, lui qui est connecté aux arbres depuis toujours. « Je ne suis pas mystique, mais je suis en paix dans un arbre. Je me sens un peu chez moi. J’adore mon métier et j’en apprends tous les jours. C’est fascinant. C’est un échange avec l’arbre. Je ne suis pas tellement croyant, mais je me dis que j’ai une mission sur Terre, c’est de planter. »