Charles-Antoine Kouakou a remporté la médaille d’or du 400 m aux Jeux paralympiques de Tokyo en 2021, dans la catégorie T20 (déficience intellectuelle). Il est le seul champion paralympique français et espère bien décrocher une nouvelle victoire chez lui, à Paris, en septembre.
Pour réaliser de telles performances, il peut compter sur l’aide de son entraineur Vincent Clarico. Les deux hommes ont su tisser des liens forts basés sur la confiance réciproque, l’empathie et une immense faculté d’adaptation. Ensemble, ils ont marqué l’histoire du handicap mental des Jeux paralympiques.
AirZen Radio. Vincent Clarico, comment gérez-vous les situations sur le terrain ?
Vincent Clarico. Nous avons la capacité de gérer des situations pédagogiques compliquées, qui peuvent être répétées. En compétition, c’est différent avec un environnement, des enjeux et un contexte climatique variables. L’adaptation est essentielle. La gestion répétée de ces situations aide à faire face de manière réactive.
C’est presque la définition de l’intelligence, non ?
Complètement. Il s’agit d’une intelligence d’adaptation, de ressentis des choses, que même l’entraîneur ne peut pas toujours anticiper. L’athlète doit réagir avec les outils fournis, souvent face à des situations inattendues. C’est ce que Charles-Antoine Kouakou arrive à faire.
Ce travail est-il le même pour tous les athlètes, handicapés ou non ?
Absolument. La difficulté avec les athlètes handicapés intellectuels est la compréhension des éléments. La compréhension des mots est cruciale. Avec Charles-Antoine, seulement 20 à 30 % des mots sont compris, contre 95 à 98 % pour les autres.
Pouvez-vous nous donner un exemple ?
Une fois, pour illustrer un problème qu’il rencontrait sur la piste, j’ai parlé d’un pneu crevé à Charles-Antoine. Je lui ai demandé s’il savait où était le kit de réparation avec la rustine qu’on avait mis en place ensemble. Il m’a répondu qu’il savait où il se trouvait et qu’il allait l’utiliser. Puis quelques jours plus tard, j’ai compris qu’il ne savait pas ce qu’était une rustine. Cela montre la nécessité de reformuler et de vérifier la compréhension des mots.
Comment gérez-vous ces différences de compréhension ?
L’entraîneur doit avoir de l’empathie et comprendre la personne. Avec Charles-Antoine, son intelligence motrice est élevée, mais son intelligence cognitive est moins développée. Cela rend la communication et l’entraînement plus complexes.
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