Carla Schiappa-Burdet est co-autrice avec Adrien Burdet de “100 idées pour accompagner mon enfant prématuré “, paru aux Éditions Tom Pousse). Elle partage ses conseils pour appréhender cette épreuve avec humanité, douceur et confiance.
« Ne poussez pas, on n’est pas prêts. » Cette phrase, prononcée par une sage-femme au moment de la naissance prématurée de leur fille, a marqué un tournant pour Carla Schiappa-Burdet et son compagnon Adrien Burdet. « Mais nous non plus, nous n’étions pas prêts », se souvient-elle. Cet électrochoc résume bien l’irruption brutale de la prématurité dans l’existence de jeunes parents, souvent projetés dans une réalité médicale et émotionnelle difficile à appréhender. Dans leur livre, l’autrice parle non seulement des enfants prématurés, mais aussi des “parents prématurés. Cette expression forte désigne ces adultes qui doivent endosser leur nouveau rôle sans y avoir été préparés, souvent dans l’angoisse et l’incertitude.
Créer du lien avec son bébé prématuré malgré la distance
Quand le bébé est en service de néonatologie, la séparation physique est souvent difficile à vivre. « On n’est pas toujours dans le même hôpital, on n’est pas là la nuit… Il faut trouver des moyens pour rester en lien », explique Carla. Cela peut passer par des gestes symboliques. Par exemple : laisser un doudou dans la couveuse, afficher une photo des parents, téléphoner régulièrement au service ou encore demander à être présent lors des soins.
Pour Carla Schiappa-Burdet, tirer son lait est aussi devenu un acte de lien. « C’était la seule chose qui me reliait à mon bébé une fois sortie de l’hôpital. » Cette démarche l’a ensuite conduite à faire des dons au lactarium, pour d’autres bébés prématurés.
Le rôle trop souvent oublié des pères
Dans le tumulte de la prématurité, les papas sont parfois mis en retrait. « Ils sont là, dans l’ombre, avec leurs émotions, leurs inquiétudes et doivent pourtant soutenir la mère et gérer le quotidien », souligne l’autrice. Elle recommande donc d’impliquer davantage les pères dans les soins, mais aussi de leur offrir des espaces d’expression : « Un Bullet Journal, par exemple, peut permettre de poser sur papier ce qu’on vit, ce qu’on ressent et de créer une mémoire familiale de cette période si intense. »
Enfin, l’après, la sortie de néonatologie, n’est pas une ligne d’arrivée. « C’est un marathon sans fin. Chaque jour est une petite victoire. Le premier bain, le premier biberon… Il ne faut pas vouloir aller trop vite », insiste Carla Schiappa-Burdet. Vivre au présent, se recentrer sur les sensations, sur la relation avec son enfant et laisser les médecins gérer le pronostic : voilà une façon de rester debout, même dans les moments les plus incertains. Accompagner un enfant prématuré signifie aussi réinventer son couple, son rôle de parent, sa relation à la société. « Il faut faire exister son bébé aux yeux des autres. Mais aussi faire exister le parent qu’on devient, chacun à son rythme. »

L’invitée.
Carla Schiappa-Burdet est inspectrice de l’Éducation nationale. Elle a été enseignante en maternelle, directrice d’école et conseillère pédagogique et formatrice d’enseignants. À la naissance de leur fille, Carla et Adrien Burdet ont cherché, en vain, un livre pour les aider à surmonter cette épreuve. Ensemble, ils ont écrit “100 idées pour accompagner mon enfant prématuré”, paru aux Éditions Tom Pousse.
Ce livre est un guide pratique de la parentalité soumise à l’épreuve de la prématurité. Il l’aborde depuis la grossesse jusqu’à l’âge adulte.