Ils veulent révolutionner la joaillerie et donner une nouvelle image aux diamants. Manon et César, un couple de jeunes entrepreneurs, viennent de lancer leur propre marque de bijoux baptisée Odace.
Boucles d’oreilles, bracelets et colliers sont fabriqués à partir d’or recyclé 18 carats et de diamants. Mais pas n’importe quels diamants : des diamants synthétiques fabriqués en laboratoire.
Comme pour les diamants traditionnels
Après deux ans passés à New-York, Manon et César – qui se sont rencontrés au collège – ont décidé de monter leur propre business en France : « L’industrie du diamant de synthèse explose aux États-Unis. En Europe, le premier laboratoire qui en fabrique a été inauguré à Paris, en 2019 seulement », explique César.
Mais alors, pourquoi des diamants de synthèse ? « Nous avons compris l’importance de la mode éthique, transparente et raisonnée pour la jeune génération. Nous avons donc souhaité dépoussiérer l’image controversée de ces magnifiques pierres via un procédé écologique et éthique », répond Manon.
En effet, les diamants de synthèse ont les mêmes propriétés optiques, physiques et chimiques que les diamants dits traditionnels, récupérés dans les mines d’Afrique. Ils sont même impossibles à distinguer à l’œil nu par un gemmologue. Seul un microscope ultra puissant peut y parvenir.
Le procédé de fabrication est d’ailleurs le même : cela prend quatre à six semaines, comme dans la nature. En outre, les conditions de production de la pierre à très haute température et avec de la vapeur sont reproduites. Le résultat est bluffant : même dureté, même brillance.
Empreinte écologique et éthique moindre
« Les plus gros trous faits par l’homme sur la Terre sont les mines de diamants », détaille César. Il est vrai que pour obtenir un diamant d’un carat, d’environ 0,2 gramme, il faut extraire jusqu’à 250 tonnes de minerais, soit l’équivalent du poids de trois avions.
« Nous ne sommes pas parfaits, la production en laboratoire est énergivore, mais nous sourçons nos pierres dans des laboratoires français, américains et asiatiques qui se convertissent progressivement aux énergies renouvelables », confesse Manon.
On peut y voir aussi une démarche plus éthique, chère à la génération des millenials qui demande toujours plus de transparence : « Nous fabriquons nos diamants à la commande, nous évitons ainsi les stocks. Notre procédé est exclusivement made in France, nous passons par un atelier d’artisanat de la Drôme pour polir et façonner les pierres, nous faisons fabriquer nos écrins et boîtes de transports entre le Nord et la Bretagne », racontent les fondateurs d’Odace.
Un prix nettement inférieur
Au-delà des valeurs de transparence, d’éthique et de responsabilité, Odace souhaite aussi remettre au goût du jour la joaillerie à travers une image plus jeune, moderne et chaleureuse. Leurs bijoux sont en effet loin de l’image parfois intimidante des grandes maisons qui s’adressent à une élite.
À l’argument écologique et universaliste, s’ajoute celui du prix. Les diamants de synthèse, y compris chez Odace, sont vendus 30 à 50 % moins cher qu’un diamant naturel. Pourtant, le diamant de synthèse coûte trois fois plus cher à produire : « Pour le diamant synthétique, on a peu d’intermédiaires », justifie César, deux contre une quinzaine pour le diamant de mine. Ainsi, le circuit court est favorable au prix final.