L’ADEME, dont les missions sont d’accompagner, financer, conseiller différents acteurs sur les sujets et problèmes liés à la transition écologique, prépare nos futures mobilités. Elle a lancé en 2022 un programme qui vise à industrialiser de petits véhicules, appelés véhicules intermédiaires, à mi-chemin entre le vélo électrique et l’automobile. Ces véhicules ont pour objectif d’être 10 fois moins chers, 10 fois plus efficaces, 10 fois plus légers qu’une voiture ordinaire. Ils ont pour avantage d’être plus durables, également, puisque réparables, reconditionnables, avec une durée de vie plus longue, pour des mobilités quotidiennes sur tous les territoires, et notamment ruraux, mais également pour prendre en charge le transport de marchandises dans les centres urbains.
L’idée est née des contraintes qui s’appliquent aujourd’hui dans le secteur des transports, lequel est le premier poste en matière d’émissions de gaz à effets de serre, de polluants, de congestion. D’un côté, des contraintes, donc. De l’autre, aussi, des opportunités qui émanent du succès du vélo à assistance électrique, lequel conduit désormais des industriels à produire des batteries ou encore des moteurs pour ces vélos qui n’existaient pas il y a une dizaine d’années. Ces nouveaux composants pourraient facilement être utilisés sur des véhicules un peu plus gros, à trois ou à quatre roues. “Et c’est de ces opportunités qu’on a lancé le sujet de l’Extrême défi, qui est de créer une filière industrielle française et européenne pour concevoir, réparer, reconditionner ces petits véhicules pour les transports du quotidien”, explique Gabriel Plassat, ingénieur à l’ADEME en charge de l’innovation et pilote de l’Extrême Défi.
Différents types d’acteurs ont donc relevé le défi, soit une cinquantaine de constructeurs, de ceux qui ont créé une entreprise spécialement, en passant par des PME déjà fabricants d’un ou plusieurs composants, jusqu’aux associations dans le champ de l’économie sociale et solidaire, ou encore des équipementiers qui viennent du monde du vélo ou de celui de l’automobile. Les territoires vont de leur côté servir de relais pour les expérimentations. Enfin, tout un travail est réalisé avec des écoles d’enseignement supérieur et des laboratoires de recherche, pour travailler sur les changements de comportement ou développer des supports pédagogiques avec ces véhicules.
Une vision globale
“Le but est de très vite les expérimenter pour avoir rapidement des retours d’utilisateurs et bien comprendre les usages, pour que les constructeurs reconçoivent éventuellement ou améliorent leurs véhicules et répondent vraiment aux besoins des citoyens dans tous les territoires. Et travailler aussi dès le départ la formation, les métiers, l’emploi, par exemple avec les lycées professionnels pour construire ces véhicules, demain. Attaquer tous les sujets en même temps en fait.” Et la demande pour ces véhicules intermédiaires est très importante. Si importante qu’il y en a déjà plus que de véhicules disponibles pour les expérimentations.
Ce travail collégial et global permet d’envisager une mutualisation des composants, c’est-à-dire de faire en sorte qu’il y ait un maximum de pièces communes pour créer des standards, afin que ce soit plus facile à entretenir et à réparer, pour faire baisser les coûts et créer des véhicules plus économiques.
Plus légers aussi, car l’automobile a eu une fâcheuse tendance à prendre du poids ces dernières années, jusqu’à 2 tonnes pour certaines d’entre elles. Le véhicule intermédiaire ne dépasserait pas 200 kg au maximum. Un véhicule léger, cela signifie une consommation d’énergie beaucoup plus faible et donc un coût au kilomètre beaucoup moins important pour tous les portemonnaies.
En 2023, des prototypes ont été financés et des territoires d’expérimentations identifiés. Cette année, place aux tests à proprement parler, même si un appel pour de nouveaux prototypes a été lancé afin d’avoir à disposition une plus grande variété de véhicules. 2024 sera également l’année du financement de la partie industrialisation. Des entreprises vont donc d’ores et déjà être capables de produire des petites séries de ces véhicules intermédiaires. Ce travail se prolongera en 2025.
Vers une aide à l’achat
Autre axe de travail pour cette nouvelle année : le score environnemental de ces véhicules. Il s’agira donc de pouvoir évaluer les performances environnementales de ces derniers. Cela permettra de déterminer s’ils sont éligibles ou non à une aide à l’achat. Et donc d’en réduire potentiellement le coût pour les particuliers.
Des véhicules intermédiaires que l’on peut découvrir et tester une fois par an à l’occasion d’un grand évènement (le dernier en novembre à La Rochelle), mais aussi tout au long de l’année. Le prochain se tenant au Havre, le grand défi écologique de l’ADEME, du 3 au 6 avril. Enfin, à noter qu’un Tour de France a été entamé le 1ᵉʳ février par un vélo-reporter. Jérôme Zindy va ainsi parcourir 3000 km en véhicule intermédiaire. À peu près toutes les semaines, une étape est prévue lors de laquelle il va interviewer différents acteurs de l’Extrême défi.
Ces véhicules intermédiaires pourraient se trouver dans nos rues d’ici 5 à 10 ans.