Pour Éric et Valérie Lamarens, tout commence par hasard en Asie. Le couple girondin y découvre l’existence de ce petit tuk-tuk électrique. ” Ça a aiguisé notre curiosité et on est allé visiter l’usine”, se rappelle Éric Lamarens. Il ne s’agit pas d’un tuk-tuk comme on a l’habitude d’en voir, pour transporter des gens, mais utilitaire, avec un caisson à l’arrière. Seulement, l’usine n’en faisait rien et aucun marché n’avait alors été identifié pour le commercialiser. “On a trouvé que cette petite taille et cette image très originale pouvaient être un avantage. On a donc initié une phase de réflexion, puis de recherche et développement, afin de trouver les machines adaptées à intégrer à l’intérieur du véhicule.”
Car contrairement à un food truck traditionnel, le vendeur n’est pas positionné dans le Green Tukky, mais à l’extérieur, laissant tout l’espace disponible pour les machines et l’approvisionnement. “Il y a aussi une chose qui est intéressante avec ce design, c’est le rapport à la clientèle. Indéniablement, lorsque le vendeur est à côté des gens qu’il sert, et non pas derrière un comptoir, le rapport est beaucoup plus sympathique”, s’enthousiasme Éric Lamarens.
Apporter un service là où il n’y en a pas
Avec une longue carrière dans le commerce de bouche à son actif – le Girondin possède plusieurs boulangeries et une sandwicherie sur la dune du Pyla -, il lance alors son premier petit tuk-tuk de crêpes, glaces et boissons. “C’est ainsi que l’histoire a commencé pour nous. Et ensuite, en améliorant la technologie et en trouvant les machines qui étaient pertinentes, on a réussi à en faire le food truck de notre époque. Parce qu’aujourd’hui, on peut quasiment tout faire à l’intérieur.”
Du premier véhicule à la conquête de la France, il n’y a qu’un pas, puisque des municipalités contactent le couple régulièrement et plusieurs dizaines de villes sont en pourparlers pour accueillir des Green Tukky chez elles. L’idée n’est pas de venir concurrencer des commerces sédentaires existants, mais d’apporter un service à la population là où il n’y en a pas.
Bordeaux, La Teste-de-Buch sur le bassin d’Arcachon, Chamonix, Montpellier, Lisbonne au Portugal et, le petit dernier, Pau, ont déjà ouvert leurs portes au nouveau venu. L’entreprise est d’ailleurs toujours à la recherche d’affiliés qui souhaiteraient développer le concept dans leur ville et d’ambassadeurs à l’étranger, en particulier en Espagne et au Portugal, pour commencer.
Le Portugal connaît bien les Green Tukky puisque c’est là qu’il est produit. Il arrive vide sur le bassin d’Arcachon, où tout le reste est concrétisé. Une conception locale, girondine donc. Tout l’assemblage, tous les composants, toute l’intégration des machines y sont réalisés. Cette expertise française coûte plus cher, admet Éric Lamarens, “mais c’est une volonté d’aller vers un concept avec une qualité de pièces. On travaille avec des produits européens et essentiellement français”.
Une technologie brevetée
Trois années de recherche et développement, neuf prototypes et un brevet auront été nécessaires pour développer cette technologie. Des composants ont été identifiés, lesquels ont ensuite été miniaturisés pour prendre le moins de place possible. Le Green Tukky fonctionne avec un réseau de batteries, des panneaux solaires sur le toit et se recharge la nuit sur une prise domestique pour être autonome ensuite toute la journée.
Il présente un module été et un module hiver. Concrètement, il s’agit du même tuk-tuk, mais il existe deux machines interchangeables pour l’intérieur. Sur le module été, on retrouve la machine à glaces à l’italienne, une vitrine à boissons, une machine à crêpes, à café, à panini ou hot-dog. Dans le module hiver, on enlève la machine à glace à l’italienne et on la remplace par un équipement qui permet de réaliser tous les produits d’hiver : frites, fish and chips, saucisses, nuggets de poulet, samoussas et churros. C’est à la carte.
Une nouvelle génération de mini commerces ambulants singuliers avec cette image exotique, qui prête à l’imagination et au dépaysement, électriques, donc silencieux, permettant de se rendre partout, notamment sur des sites naturels ou protégés. “On peut se mettre là où personne ne pouvait s’installer auparavant, ce qui a permis de nouer un partenariat avec l’Office national des forêts. C’est le food truck du XXIe siècle”, s’enthousiasme Éric Lamarens.