« Combien pour ces jolies boucles d’oreilles ? » « Deux pièces vertes et deux pièces bleues en plastique s’il vous plaît ! » Eh oui, qui a dit qu’on ne pouvait payer qu’en euros en France ? S’il existe plusieurs dizaines de monnaies locales, aucune n’était jusqu’à présent fabriquée à partir de déchets. C’est le cas de la monnaie Sauvage.
Une « monnaie sauvage », c’est quoi ?
Sauvage est une association créée en 2019 à Aix-en-Provence. Elle récupère les déchets collectés par plus d’une trentaine d’associations du littoral méditerranéen. Puis, elle les transforme sous forme de plaques de plastique. Elle a ainsi créé une marque qui commercialise des objets fabriqués à partir de ces plaques. Comme, par exemple, des boucles d’oreilles.
Sauvage a été lancée suite à l’épopée de son fondateur, Emmanuel Laurin. Il a nagé 120 kilomètres entre Marseille et Toulon pour ramasser les déchets marins.
« Au début, ça a commencé par du troc. Nous avons décidé de distribuer des bons d’achats aux bénévoles et à toutes celles et ceux qui nous ramenaient des déchets plastiques », se souvient Adrien Piquera, chargé de la communication de l’association.
« Puis nous sommes allés plus loin. Quitte à produire des plaques de plastique, autant en transformer certaines en pièces de monnaie », raconte-t-il. Cet argent est aujourd’hui distribué aux bénévoles du réseau avec lequel travaille l’association.
Quels avantages pour les commerçants ?
Ces pièces permettent de faire des achats dans des magasins partenaires. Cela a commencé par un magasin à Marseille, via le Flamant Vert, une boutique-atelier. « Mais depuis que nous l’avons annoncé, les demandes se succèdent. »
Quel intérêt pour les commerçants ? « Montrer à leurs clients qu’ils sont une boutique engagée. C’est comme les promotions ou autres avantages fidélité. On ne s’y retrouve pas financièrement au début, mais cela attitre des clients plus engagés », explique Adrien Piquera.
Au-delà de l’aspect économique, cette monnaie a vocation à sensibiliser. « Plus on montre que les déchets ont une valeur, plus on peut inciter les gens à y faire attention, à les ramasser… mais aussi à ne pas les émettre », ajoute Adrien Piquera.
La version test sera utilisée tout l’été mais les équipes travaillent déjà à une nouvelle version. « Nous pourrions opter pour une couleur particulière selon la valeur de la pièce. Aujourd’hui, nous le faisons sous forme de trous, mais c’est facilement reproductible », conclut-il.