Au Pays basque, le département des Pyrénées-Atlantiques, l’association SOliHA et l’EPFL Pays basque (l’établissement foncier public local) se sont associés pour créer en juin dernier un dispositif de viager solidaire intergénérationnel appelé Lokarri. Ce nom signifie « lien » en basque. Le programme inclut un accompagnement au maintien à domicile des personnes âgées.
« On a été interpellés par la société civile sur la question du logement pour les seniors. On voyait aussi se développer la pratique des viagers un peu sauvages, explique Yannick Fieux, en charge de ce dossier pour l’EPFL. Notre mission est de mettre en place des stratégies foncières et de maitrise de marchés fonciers. Car ceux-là s’envolent et sont tendus sur notre territoire. » En effet, entre 12 000 à 15 000 demandes de logements sont faites par les locaux chaque année.
Sanctuariser et protéger l’immobilier
Ça implique l’acquisition de biens pour permettre de répondre à des enjeux d’accès aux logements pour les jeunes ménages et les seniors. Mais aussi pour les jeunes agriculteurs afin qu’ils puissent accéder à des terres qui ne sont ni concurrencées ni convoitées par des programmes immobiliers. « J’ai imaginé un système où l’EPFL achèterait un viager auprès des personnes âgées. On compléterait par le financement de prestations de services telles que des travaux et des aménagements au domicile des personnes vieillissantes, grâce à l’aide d’un ergothérapeute, explique Yannick Fieux. Puis, à leur disparition, lors de la revente du logement, les jeunes ménages seront privilégiés. Il y a des vertus intergénérationnelles et un patrimoine maitrisé, sorti du contexte inflationniste et concurrencé. Notamment pas l’action privée qui est hyper développée au Pays basque. »
Ainsi, les propriétés sont proposées 30% à 60% moins cher que les prix du marché. Les futurs propriétaires, choisis en fonction de critères, signeront de leur côté un Bail Réel Solidaire. Depuis le lancement de Lokarri, six personnes ont manifesté leur intérêt pour ce dispositif de viager solidaire. « Pour le moment, il s’agit d’agriculteurs à la retraite, avec de petits revenus. On imagine bien que les personnes isolées dans les petits villages au Pays basque, sans descendance directe, soient intéressées », précise le chargé de mission à l’EPL.