Tout commence en 2007 avec un hippopotame saisi dans un cirque en France, lequel n’avait pas les autorisations nécessaires. Les autorités sollicitent l’espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine, dans la Loire, pour l’accueillir quelques jours, le temps de faire tous les papiers nécessaires pour l’envoyer en Afrique du Sud. Il y restera trois mois.
”Quand on l’a vu dans sa remorque avec sa toute petite piscine, dans une eau très sale, on s’est dit qu’il fallait faire quelque chose”, raconte Jean-Christophe Gérard, vétérinaire dans les deux structures et vice-président de Tonga Terre d’accueil. “C’est de là qu’est venue la volonté de créer cette association, pour pouvoir répondre favorablement aux sollicitations. On l’a appelée Tonga, du nom de cet hippopotame.”
Tout contact humain doit être coupé
Depuis lors, Tonga Terre d’accueil recueille des animaux sauvages saisis ou trouvés dans la nature, dans ses locaux voisins de l’espace zoologique de Saint-Martin-la-Plaine. Le lieu est, contrairement au parc, fermé au public. Il dispose de structures particulières pour intégrer progressivement des animaux qui n’ont jamais vécu avec leurs congénères, enlevés bébés à leurs mères, et qui pourraient être dangereux les uns pour les autres sans adaptation préalable.
Après une phase de quarantaine, des groupes sont formés grâce à une procédure de sociabilisation. Ils doivent apprendre à communiquer avec leurs paires pour pouvoir vivre en collectivité.
“On coupe tout contact avec les animaux une fois qu’ils arrivent dans l’association. Un lion, on le laisse vivre comme un lion. Un singe, comme un singe, explique Jean-Christophe Gérard. Le seul contact que l’on s’autorise, c’est quand on récupère des bébés et qu’ils ont encore besoin de biberons, d’un apport lacté.”
Une vingtaine de félins et une soixantaine de primates sont actuellement hébergés dans l’association. Un travail de placement intervient ensuite, dans des parcs zoologiques en France, ou à l’étranger. Neuf lions ont déjà retrouvé le chemin de la terre de leurs ancêtres, en Afrique. Ils devront toutefois vivre en réserve, nourris par l’homme, car ils n’ont aucune expérience de la vie sauvage et ne survivraient pas.
Des rencontres qui marquent à vie
Des animaux auxquels il est impossible de ne pas s’attacher. “Quand ils s’en vont, on a toujours un pincement au cœur, mais on sait que ça fait partie du travail. On est allé voir ceux qu’on avait envoyés en Afrique du Sud. On les suit, on a toujours des nouvelles, des contacts. On ne les lâche pas si facilement”, s’émeut Jean-Christophe Gérard. Et les animaux ne les ont pas oubliés. “Ils ont une grande mémoire. On voit que leur comportement n’est pas du tout le même avec nous qu’avec un inconnu. Devant un groupe de dix personnes, ils viennent directement vers nous.”
Le vétérinaire se réjouit chaque jour que l’association existe. “On récupère des animaux parfois en mauvais état. Pouvoir les remettre sur pied, les faire vivre avec leurs semblables et les placer ensuite dans des structures qui répondent à leurs besoins physiologiques, c’est très valorisant. C’est vraiment du beau travail et on a une immense satisfaction quotidienne.”