À La Jarne, près de La Rochelle, en Charente-Maritime, Sarah Berziou a installé sa maison d’édition Black Ink Editions, spécialisée dans les livres de romance. Elle a décidé de transformer le rez-de-chaussée de sa maison de près de 100 m² en un espace dédié à l’administratif et à l’entrepôt de milliers de livres.
Cela fait maintenant sept ans que son activité a été lancée. Pourtant, rien ne prédestinait cette ancienne conseillère en insertion professionnelle à emprunter cette voie. « Je suis passionnée de littérature. J’ai découvert la romance avec les gros succès, mais je souhaitais découvrir des auteurs français. Je me suis rendu sur la plateforme Wattpad sur laquelle on peut trouver des écrivains qui publient gratuitement et cherchent à se faire repérer. J’y ai découvert des auteurs formidables. »
Un métier passion
Au fur et à mesure qu’augmentait son intérêt pour ce genre littéraire, elle s’est dit « et si j’avais ma propre maison d’édition, qu’est-ce que ça donnerait ? » De l’interrogation, elle est passée à l’action. La fondatrice de Black Ink Editions s’est formée à la correction professionnelle, à l’aspect juridique sur les droits d’auteurs et de propriétés. Au départ, elle était partie sur une fréquence d’édition de 3-4 livres par an, pendant son temps libre. « Sauf que ça a connu un succès fulgurant. Maintenant, j’ai sept salariés à temps plein, un pool de 60 auteures. Elles sont principalement françaises, mais aussi de pays francophones comme le Canada et le Maroc. Et on a publié plus de 200 titres. Certains sont traduits aux États-Unis. On a un développement à l’international et une présence importante en librairie. »
Avant de se lancer dans cette aventure, Sarah avait bien conscience que ce genre littéraire est encore victime de préjugés malgré un lectorat bien présent. « La romance est un genre qui existe depuis toujours. Auparavant, on n’osait pas dire qu’on en lisait. Moi, ma grand-mère lisait des livres de la maison d’édition Harlequins, analyse-t-elle. C’est un genre qui s’est démocratisé avec l’apparition de phénomènes tels que « 50 nuances » et « After ». On ne craint plus de dire qu’on en lit. On les retrouve sans difficulté dans les librairies, ce qui n’était pas le cas avant. » Sa maison d’édition propose des livres dans différents formats : numérique, broché et audio. Il existe des sous-genres tels que le romantic suspense, le thriller romance, la dark romance, la romance historique, la fantasy, l’homo romance.
La qualité plutôt que la quantité
Par ailleurs, avant de pouvoir être intégré à l’écurie Black Ink Editions, il faut passer par un comité d’une dizaine de lectrices. Le délai de réponse est de quatre mois environ. « On reçoit en moyenne 10 manuscrits par semaine. Moi, je m’attache à la qualité de la plume et à l’originalité du sujet. On écrit des romances, donc il faut respecter certains codes : on se rencontre, on s’aime, on se déteste, on se retrouve. C’est un schéma globalement classique. Ce qui va faire la différence, c’est ce qui va être ajouté autour. »
La trame du livre n’est pas le seul élément typique de ce genre littéraire. La page de couverture, avec des personnes attrayantes, fait partie du folklore, même si ça commence à changer. « Effectivement, on a des couvertures parlantes avec des personnages masculins. Après, moi je ne suis pas fan de ce qui est torse, les abdos. En revanche, un beau visage, oui, concède Sarah. Mais, il y a de plus en plus de couvertures « objets », qui sont parlantes. »
Les femmes, principales lectrices
Il s’avère que son lectorat est à 99% féminin. Ce sont des femmes actives de 30-35 ans. Par ailleurs, une forte communauté s’est développée sur les réseaux sociaux. La page Facebook Black Ink Editions compte plus de 12 000 abonnés. Des fidèles de livres sur la romance qui ont aussi l’opportunité de se rencontrer, ainsi que leurs auteures préférées lors du Festival Black In Editions à La Rochelle.
Cet engouement pour la romance littéraire, Sarah l’explique de différentes façons. « Personnellement, moi quand j’en lis, j’ai envie de m’évader de mon quotidien, dit-elle. De m’imaginer à la place de l’héroïne qui a une personnalité affirmée malgré ce que l’on pourrait penser. La romance, ce n’est pas un sous-genre littéraire. Et ça ne se limite pas au fait que c’est une histoire de filles pour les filles. Quel que soit le genre de littérature, moi, je préfère que les gens lisent plutôt qu’ils soient bloqués devant les écrans. »
La fabrication des livres Black Ink Editions est 100% locale, l’imprimeur étant à Niort. Les ventes en ligne vers les différents diffuseurs se font depuis le domicile de Sarah Berziou, àLla Jarne.