« Non, le féminisme n’est pas un gros mot. C’est vrai qu’il a une certaine connotation liée aux combats menés par les femmes. Mais désormais, il nous concerne toutes et tous. » Maxime Rusznewski est un féministe convaincu.
Avocat de formation, ancien collaborateur de Najat Vallaud-Belkacem lorsqu’elle était ministre des Droits des femmes, il publie aujourd’hui son “Petit manuel du féminisme au quotidien”, aux éditions Marabout.
Le féminisme : un combat de femmes… et d’hommes
L’ouvrage comporte une trentaine de pistes d’action et balaye une dizaine d’idées reçues. Celles qui consistent à dire que le combat est terminé, que la lutte féministe équivaut à une guerre des sexes ou encore qu’elle ne concerne que les femmes.
C’est justement sur cela que l’auteur insiste : les hommes peuvent et doivent « prendre leur juste part ». L’introduction démarre par une définition de la cible. « J’ai décidé de ne pas m’adresser aux hommes qui ont déjà entamé leur processus de déconstruction. À ceux qui ont compris qu’on évolue dans une société de privilèges et qu’on occupe des rôles culturellement normés. Ni d’ailleurs aux hommes totalement réfractaires à la cause. Pour ceux-là, c’est peine perdue », détaille Maxime Ruszniewski.
Lui parle en effet à la « vaste majorité » d’hommes qui ne savent pas où se placer sur ces questions. Ceux qui s’interrogent sur la galanterie, le comportement à adopter en entreprise ou à la maison. Pour l’auteur, le combat pour l’égalité doit se jouer en collectif. Aujourd’hui, « dans 8 entreprises sur 10, les hommes occupent exclusivement les postes à responsabilité. On ne peut donc pas gagner le combat pour l’égalité sans eux », explique-t-il.
Aussi, cela passe selon lui par des actes. Le féminisme « ne se parle pas, il se joue ». « Quand on est un dirigeant, on doit pouvoir valoriser les femmes de son entreprise. À la maison, il faut œuvrer pour un partage égal des tâches ménagères et cesser de considérer qu’un homme qui fait, est un homme qui aide ! » lâche-t-il.
Messieurs, lâchez vos privilèges pour une société plus juste
Pour l’auteur de ce livre féministe, la marge de progression est encore immense. Le combat pour les droits civiques et la libération des corps est achevé. Bien qu’il puisse, dans certaines démocraties actuelles, être remis en cause. Le « nouveau combat est dans la prise de conscience », dit-il.
Et pour cela, les chiffres ne mentent jamais. Les statistiques « nous montrent qu’encore une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon ou ex-compagnon. Que les femmes gagnent un salaire plus bas à compétences égales. Que la charge mentale domestique leur incombe dans la plupart des cas. Il ne faut pas être féministe pour s’en rendre compte… », raconte l’auteur. Et d’ajouter : « Nous avons besoin de toutes et tous pour y parvenir ».
Enfin, la société fait un cadeau aux hommes selon Maxime Rusznewski. Mathématiquement, « si les hommes laissent la place aux femmes, ils perdront quelques privilèges, oui. Mais on se rend compte aujourd’hui que ce n’est pas vraiment ce qui compte. Avoir énormément de responsabilités, passer à côté de la vie de ses enfants… est-ce vraiment souhaitable ? » s’interroge-t-il. Maxime Ruszniewski est aussi le fondateur de Remixt, une entreprise qui lutte contre les discriminations au travail et accompagne les managers.