Livre : pourquoi l’amitié entre femmes doit devenir un “idéal de vie”

Dans un essai publié chez Stock, Johanna Cincinatis déclare sa flamme à ses amies. Elle va même plus loin et explique en quoi ces amitiés si singulières, si intimes et pourtant universelles peuvent devenir une arme politique.

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Amitié entre femmes : les copines d’enfance nous inspirent

Amitié entre femmes : les copines d’enfance nous inspirent

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Quand les amitiés entre femmes surpassent le couple

Quand les amitiés entre femmes surpassent le couple

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Johanna Cincinatis, celle qui parle d’amitié aux femmes

Johanna Cincinatis, celle qui parle d’amitié aux femmes

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Avec Johanna Cincinatis, l’autrice qui parle d’amitiés entre femmes

Avec Johanna Cincinatis, l’autrice qui parle d’amitiés entre femmes

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Et si on imaginait un monde dans lequel les amitiés entre femmes étaient autant considérées que le couple romantique ? Un monde dans lequel des copines peuvent contracter un prêt, acheter une maison, élever des enfants, être présentées aux parents de l’autre avec la même chaleur qu’un amoureux ? C’est de ce monde rêvé qu’est partie l’écriture de Johanna Cincinatis. 

L’amitié entre femmes comme idéal, une utopie ? 

L’autrice, journaliste féministe et dessinatrice, signe un remarquable essai aux éditions Stock : “Elles vécurent heureuses : l’amitié entre femmes comme idéal de vie”. Un ouvrage dans lequel elle se confie sur l’importance qu’elle accorde à ses amitiés féminines. À ces femmes qui savent tout d’elle ou presque. Ces amies d’enfance qu’on garde même si on diverge avec le temps. Celles qui nous ressemblent et avec lesquelles on se sent comprise. Ces amies confidentes qui nous soutiennent, écoutent, réconfortent.

“C’est comme si on parlait la même langue. Parfois, ça se passe de mots”’, raconte la jeune femme.

Deux amies dehors. Rôle de l'ordorat chez l'homme
mimagephotos/Adobe Stock

Ce qui nous a plu, c’est l’optimisme déployé dans ce livre. Comment permettre aux femmes de célébrer ces amitiés ? Leur donner leur juste place dans une vie ? Comme dans cet exemple qu’elle cite, “le mariage de Boston”, ces femmes qui vivaient entre elles sur un campus il y a 200 ans. Qui élevaient des enfants ensemble, avaient des projets communs. Ou, comme ce qu’elle appelle, le “platonique queer “ : ces amitiés expérimentées dans la communauté LGBT+. On vit ensemble, on partage une parentalité sans pour autant les obligations traditionnelles d’un couple, sans même une sexualité. 

Les freins à l’expression de l’amitié entre femmes 

Editions Stock

Ce que Johanna Cincinatis cherche à montrer, c’est que cet idéal est aujourd’hui entravé, empêché. Par nos imaginaires d’abord. “Les relations entre femmes, c’est compliqué.” On les dépeint souvent comme rivales, on parle de crêpage de chignons. Par les représentations, ensuite. “Le cinéma montre des amitiés masculines qui se vivent au-dehors, qui débouchent sur des aventures. Les amitiés féminines se montrent en intérieur, autour d’un café.” Par le poids du couple aussi.

“Les amitiés entre femmes sont des sas de décompression. On vient y décortiquer les sentiments des hommes, essayer de faire bouger les choses. On est seules à faire ce travail émotionnel.” Par la société, enfin. Parce que les amitiés ne “rapportent rien”, ne sont pas monétisables. Se consomment aussi, presque comme un bien. La rapidité du capitalisme pousserait les femmes à faire le tri, au fur et à mesure qu’elles avancent dans la vie de couple et de famille. 

Johanna Cincinatis invite ainsi les lectrices et les lecteurs à avoir une vision claire sur l’amitié, sur ce que cela apporte et ce que cela apporterait si on lui laissait l’espace qu’elle mérite. Une belle ode à l’amitié, qui propose des modèles de vie alternatifs. 

Ce contenu audio a été diffusé le 09 mai 2024 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Olivier MONTEGUT

Rédacteur en chef adjoint

Agence de communication Perpignan