Diminuer le temps de travail est aussi bénéfique que nécessaire selon Julia Posca. Mais la chercheuse explique aussi que travailler moins ne peut pas suffire à résoudre tous les problèmes du monde professionnel. Elle appelle à une transformation plus profonde pour améliorer le bien-être des salariés, d’une part, et répondre aux défis sociaux et environnementaux liés au travail, d’autre part.
AirZen Radio. “Travailler moins ne suffit pas”. Tout est dans le titre, n’est-ce pas ?
Julia Posca. Exactement. On travaille déjà deux fois moins qu’il y a deux siècles. Le temps de travail se réduit dans les sociétés capitalistes. Cela répond au besoin de moins vivre le travail comme une charge. On libère du temps pour la vie personnelle, notamment la famille. Mais mon livre pose la question de savoir si cela suffit. Travailler moins est bénéfique pour l’environnement – comme on l’a vu lors de la pandémie -, la santé et la motivation. Mais il faut aussi travailler mieux pour avoir un impact social positif.
Selon une étude ADP de 2022, 64 % des salariés en France souhaiteraient passer à la semaine de quatre jours. Si vous étiez ministre du Travail, que feriez-vous ?
Une réduction du temps de travail serait essentielle. Mais il faudrait aussi rendre les organisations plus démocratiques. Impliquer davantage les salariés dans l’organisation du travail permettrait de répondre à des besoins utiles. Cela transformerait en profondeur l’économie et améliorerait le traitement des salariés. Il y a une fracture entre le temps de travail et le temps hors travail. Aujourd’hui, le temps passé en dehors du travail est celui qui libère, qui permet de se consacrer à soi, à ses proches. Celui consacré au travail est centré sur la productivité, la performance. On pourrait imaginer une organisation économique où le travail est aussi un moment utile à soi, à quelque chose qui répond à nos besoins. Cela créerait moins de contradictions, un meilleur équilibre et donnerait plus de sens à notre temps, qu’il soit personnel ou professionnel.
“Travailler moins ne suffit pas”, de Julia Posca, éditions Ecosociété, 144 pages, 15 euros.