Xavier Desjardins, géographe et urbaniste, a écrit avec David Djaïz “La révolution obligée : réussir la transformation écologique sans dépendre de la Chine et des États-Unis”, publié aux éditions Alary. Ce livre, qui place l’écologie au cœur de ses préoccupations, s’apparente presque à un programme politique.
AirZen Radio. L’Union européenne a mobilisé 750 milliards d’euros de dette pour son plan de relance Covid. Pour le climat, son budget est de 50 milliards par an. Pourquoi un tel écart ?
Xavier Desjardins. Cette différence est regrettable, mais le plan post-covid était nécessaire et a montré une Europe réactive. Il s’explique par la perception de la dette par certains Européens et pays la considérant comme une abomination. Avec David Djaïz, nous ne voulons pas être démagogues à propos de la dette. Il est inévitable de devoir rembourser. Ne pas payer ses dettes mène à une perte de confiance. Certains pays, comme l’Argentine, en ont fait les frais. Nous soutenons donc l’idée d’un pass climat pour financer la transformation écologique. Car son coût est élevé : la rénovation énergétique des bâtiments et le changement de véhicules sont onéreux. Ces dépenses sont au cœur de nos préoccupations.
Le chauffage, notamment le remplacement des chaudières au fioul, représente des dépenses importantes. Ces coûts posent problème pour les ménages et les entreprises agricoles, qui font face aux normes environnementales. Nous proposons donc de prévenir ces dépenses par un pass climat. Il donnera les moyens de financer la transition écologique. Ce pass prendrait la forme d’une dotation accessible à tous via une application. Les montants seront ajustés selon les revenus et situations géographiques, permettant l’achat de solutions écologiques spécifiques. Ainsi, ceux qui vivent loin des centres urbains et qui n’ont accès aux transports collectifs bénéficieraient d’un soutien accru pour compenser les coûts de mobilité plus élevés.
En quoi ce pass climatique accélérerait le changement ?
Avec ce pass, les citoyens seraient libres d’investir dans des solutions écologiques. De la rénovation thermique de leur logement à l’achat de pompes à chaleur. Sans oublier la possibilité de changer de mode de transport pour une option plus durable. Ce système offre une grande flexibilité. Par exemple, ceux qui ne peuvent se passer de voiture pourront opter pour un véhicule plus propre. D’autres pourraient choisir le vélo ou un abonnement de longue durée aux transports en commun. Il offre ainsi une flexibilité, mais aussi un soutien préalable pour les investissements écologiques. L’argent sera déjà disponible. Pas la peine d’aller remplir des formulaires pour en bénéficier après l’achat. Il évite ainsi les complications des aides postérieures.
Quel sera le financement de ce pass climatique ?
Le financement de ce pacte repose sur une réorganisation des aides existantes. En complément, l’endettement commun au niveau européen est envisagé comme une source de financement viable, tirant parti de la capacité de l’Union à mobiliser des fonds significatifs, comme cela a été démontré lors de la crise du Covid-19. Cette approche solidaire reflète la reconnaissance du changement climatique en tant que défi majeur du siècle, nécessitant une réponse financière ambitieuse et coordonnée.
Enfin, une contribution proportionnelle des plus grandes fortunes est envisagée comme un complément symbolique mais important au financement du pacte climatique. Cette mesure souligne la nécessité d’une solidarité sociale étendue, impliquant une contribution de ceux qui ont le plus de moyens pour faire face collectivement aux défis écologiques. Ce n’est pas une question de “prendre aux riches pour donner aux pauvres”, mais plutôt une reconnaissance que la lutte contre le changement climatique est une responsabilité partagée.
