Livre : « Corba est née dans la tête de mon fiston, à l’hôpital »

Son fils malade, Rémi Faure a passé des heures à lui raconter des histoires. Il a décidé d’en faire une saga jeunesse. C’est dans une chambre d’hôpital qu’est née la saga “Corba”, un roman d’aventures en 4 tomes.

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Littérature jeunesse : dans “Corba”, un personnage anti-héros

Littérature jeunesse : dans “Corba”, un personnage anti-héros

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“Corba” : un séjour à l’hôpital se transforme en récit d’aventures

“Corba” : un séjour à l’hôpital se transforme en récit d’aventures

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“J’ai écrit une saga d’aventures pour rendre mon fils malade heureux”

“J’ai écrit une saga d’aventures pour rendre mon fils malade heureux”

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Rémi Faure, 40 ans, est directeur des programmes de flux pour le groupe TF1. Il est au pilotage de plusieurs émissions créatives et d’aventures comme “Koh-Lanta” ou “Mask Singer”. Son petit garçon, Anton, est autiste. Il est aussi atteint d’une maladie génétique qui a provoqué de longs séjours à l’hôpital.

Père et fils étant dotés d’une imagination débordante, ils ont imaginé ensemble un univers fantastique. Des centaines d’heures d’histoire du soir qui sont devenues une saga à succès, en quatre tomes : “Corba”, aux éditions Les Arènes.

AirZen Radio. Comment sont nées les aventures de “Corba”, ce roman jeunesse à destination des 9-12 ans ?

Rémi Faure. Photo Christophe Chevalin

Rémi Faure. Mon fils est un enfant un petit peu différent. Son autisme lui confère une imagination débordante ! Du fait d’une maladie génétique dont il est atteint, nous avons passé de très longs moments dans une chambre de l’hôpital Necker, à Paris. Alors se raconter des histoires, c’était une façon pour nous de nous échapper.

On allait dans un bateau, son lit à barreaux n’en était pas un. C’était une cabine avec des hublots. Et l’histoire c’est que tous les jours, on passait par la fenêtre et on arrivait dans une barque avec laquelle on partait à l’aventure. Et chaque soir, on remontait dans le bateau et on reprenait.

Est-ce que vous nourrissiez tous les deux des idées pour construire et consolider ce monde imaginaire ?

Ah, ça oui ! Anton est hyperactif dans l’imaginaire. Sa mémoire est une éponge. Imaginez-vous, ce sont des centaines d’heures d’histoires tous les jours pendant des mois. Et lui, il retenait tout un tas de détails quand moi je ne m’en souvenais plus. Les personnages, la trame… il déduisait des choses que je n’imaginais même pas.

“Corba” – Les Arènes

À quel moment de ce processus-là vous êtes-vous dit qu’il fallait en faire une série de livres ?

Cette histoire est sortie de l’hôpital, elle est devenue l’histoire du soir à la maison. Je la racontais à sa petite sœur, parfois jusque très tard ! Elle est devenue un personnage récurrent. Et dès qu’on partait en vacances avec des amis, leurs enfants eux aussi devenaient des intervenants ponctuels de l’histoire. Quand on les revoyait, quelques mois plus tard, l’histoire avait évolué. Et ils voulaient savoir où ça en était ! Comme une saga. Cela a quand même duré deux ans.

Et puis, maintenant, Anton et Alma ont un petit frère. Alors, je me suis dit que j’aimerais lui léguer ça aussi à lui !

Quelle est l’histoire de “Corba”, au juste ?

C’est l’histoire de quatre enfants orphelins, naufragés sur une petite île. Elle-même située sur la mer de Corba. Ils vont devoir quitter leur petit paradis car le cinquième de la bande a disparu. La quête de leur ami va être entrecoupée de défis, de rencontres avec des personnages magiques. Et ils vont aussi devoir déjouer les plans de celles et ceux qui règnent sur Corba pour retrouver leur ami. Le leader du petit groupe s’appelle Aden, largement inspiré de mon fiston.

Dans cette histoire, le message est que le collectif fonctionne mieux que l’individuel. Que chaque enfant, qu’il soit différent ou pas, peut s’aider des forces de ses amis pour réussir.

Est-ce que vous aviez la sensation que ces histoires aidaient votre fils à aller mieux ?

Absolument. Un enfant qui est autiste est dans sa bulle. Il nourrit un petit complexe d’infériorité par rapport aux autres, car il n’est pas totalement dans la norme. Qu’il ait ce monde à lui, qui tout d’un coup est connu des autres, qu’il soit le héros et le co-auteur d’une histoire que les autres lisent, c’est merveilleux.

“Corba” – Les Arènes

Qu’avez-vous appris sur votre fiston à travers toute cette démarche ?

C’est lui qui m’a énormément appris. Avoir un enfant différent, c’est la plus  belle chose qui nous soit arrivé avec sa maman. Il nous donne le sens de la valeur des choses, il n’y a pas de calcul, il est simple dans son émerveillement. Il est d’une pureté et d’une innocence qui nous touchent profondément.

Les enfants qui souffrent de troubles du neurodéveloppement ont bien souvent des difficultés à communiquer. Est-ce que l’imaginaire a aidé votre fils en ce sens ?

Complètement. Quand quelqu’un vient chez nous et qu’Anton ne le connaît pas, la première chose qu’il montre c’est le livre. C’est une porte d’entrée pour lui, pour dire qui il est.

Le quatrième tome de la saga “Corba” est prévu en 2023… Le dernier ?

Ce sera effectivement le quatrième et dernier d’un cycle. Mais la saga, à ma grande surprise, a connu un petit succès alors que la concurrence est rude dans la littérature jeunesse. Alors, nous sommes en discussion pour, peut-être, poursuivre les aventures d’Aden et de sa bande d’amis !

Ce contenu audio a été diffusé le 19 janvier 2023 sur AirZen Radio. Maintenant disponible en podcast sur airzen.fr, notre application et toutes les plateformes de streaming.

Par Olivier MONTEGUT

Rédacteur en chef adjoint

Agence de communication Perpignan