En 1972 paraissait le rapport scientifique Meadows. Aussi appelé, « Les Limites à la croissance ». Sous la direction de Dennis Meadows, des chercheurs du MIT révélaient les conséquences d’une croissance illimitée dans un monde fini. Autrement dit, dans un monde aux ressources non illimitées.
Pour la journaliste Audrey Boehly, la lecture de ce livre a été un choc. Préoccupée par l’avenir de ses deux filles et de leur génération, elle a mené l’enquête : qu’en est-il aujourd’hui des différents scénarios d’effondrement annoncés ? Quelles sont les perspectives pour le XXIe siècle ? Existe-t-il des solutions et des voies désirables pour concevoir un mode de vie soutenable, respectueux des limites planétaires ?
L’autrice s’est entretenu avec Dennis Meadows, mais aussi une douzaine d’expertes et d’experts du climat, de l’économie en passant par la géopolitique. Entretien.
AirZen Radio. Qu’est-ce qu’un « monde fini », au juste ?
Audrey Boehly. On envisage souvent le monde sans limites. En pensant que le génie humain et la technologie nous permettront d’aller toujours plus loin. Notre planète est régie par des cycles biochimiques de certains éléments comme l’eau, le carbone, l’hydrogène… Ces cycles étaient stables depuis 10 000 ans et assurent tout simplement la vie sur Terre telle qu’on la connaît. Mais cela change depuis l’ère industrielle.
Dans votre sous-titre, vous parlez d’apprentissage. Il y a donc l’idée qu’on peut faire mieux ?
Oui, bien entendu. Six limites planétaires sur neuf ont été franchies. On va vers un monde à +3 degrés qui est déjà une menace en soi pour les sociétés humaines. Et ce n’est qu’une seule de ces six limites. Il faut donc le prendre en compte. On ne peut pas négocier avec ça. Il faut l’intégrer à nos politiques publiques. Par ailleurs, nos économies doivent s’y intégrer.
Dans le rapport Meadows, on peut lire qu’il existe encore suffisamment de ressources et de technologies pour offrir à tous un niveau de vie décent si nous faisons les changements nécessaires…
Oui, c’est bien la preuve qu’on peut et qu’on doit agir maintenant. Chaque dixième de degré compte. Si on change notre philosophie, qu’on concentre les ressources sur nos besoins fondamentaux et qu’on les partage équitablement, il en reste assez pour assurer le bien-être des sociétés humaines.
“Dernières limites”, d’Aude Boehly, éditions Rue de l’échiquier.